Maritime - Dans la Marine française : réorganisation du commandement en deuxième région maritime - Armement pour essais du Colbert - Situation de la flotte marchande au 1er juillet 1972
Réorganisation du commandement en 2e Région maritime
Par analogie avec ce qui a été réalisé en 3e Région, la 2e Région maritime va être, à partir du 1er octobre prochain, progressivement réorganisée.
La 2e Région s’étend du Mont Saint-Michel à la frontière espagnole.
Actuellement le Préfet maritime (Prémar II) a des attributions administratives, judiciaires et opérationnelles. C’est ainsi qu’il est plus spécialement chargé des problèmes de logistique et d’infrastructure ainsi que de certaines attributions réglementaires concernant la police de la navigation. Sur le plan opérationnel, il est chargé de la surveillance côtière et de la mise en condition des forces affectées en temps de guerre à la défense du territoire relevant de sa juridiction. Au point de vue forces navales, il ne dispose que de quelques petites unités mises à la disposition de la région. L’Escadre de l’Atlantique (Alesclant) relève, en effet, pour emploi directement de l’État-major des armées et de l’État-major de la Marine pour le reste. Il dispose par contre de l’aviation de patrouille maritime stationnée dans la région.
Pour le seconder dans sa tâche, le Préfet maritime de la 2e Région a sous ses ordres :
– un Commandant des forces aéronavales (Aéro II) ;
– un major-général, Commandant militaire de l’arsenal de Brest ;
– l’amiral commandant l’arrondissement maritime de Lorient :
– l’amiral commandant l’arrondissement maritime de La Pallice-Rochefort. Ces deux amiraux ont des attributions logistiques et administratives.
– les directeurs de services locaux (Constructions et armes navales, Commissariat, Travaux maritimes, etc.).
À cette organisation du temps de paix, se substituerait en cas de guerre une organisation différente. Le Préfet maritime de la 2e Région deviendrait en effet commandant en chef des opérations maritimes dans l’Atlantique avec le titre de Ceclant et autorité sur toutes les forces stationnées dans le théâtre y compris les forces en haute mer, les sous-marins continuant de relever d’un commandement spécial Alfost (les sous-marins d’attaque pouvant toutefois être mis pour emploi à la disposition de Ceclant).
La superposition des fonctions de commandant en chef désigné du théâtre Atlantique (Ceclant) et de Préfet maritime (Prémar II) ne permettant pas au titulaire de ce poste de se consacrer suffisamment aux problèmes importants, il est apparu nécessaire de modifier cette organisation avec en vue les objectifs suivants :
– décharger Ceclant/Prémar II au maximum de ses tâches quotidiennes sur des subordonnés responsables investis d’un commandement, afin de lui donner les moyens de remplir plus aisément ses missions opérationnelles prioritaires et permanentes (sûreté de la zone maritime, sécurité des SNLE dans les approches de Brest, défense du Finistère) et sa mission de soutien des forces ;
– lui permettre d’exercer dans de meilleures conditions son rôle propre de Préfet maritime, représentant local du ministre (direction supérieure des services, relations avec les autorités civiles et militaires, etc.) ;
– rechercher l’économie des moyens.
En conséquence, l’ensemble des bâtiments, unités, formations et services militaires dépendant de Ceclant/Prémar II est réparti entre quatre commandements maritimes en sous-ordre :
– le Préfet maritime adjoint qui commande les unités à terre et les services militaires de la région qui ne dépendent pas d’un autre commandement. Il traite les affaires relatives à l’organisation, au personnel, à la mobilisation, à l’infrastructure. Il suit les affaires administratives et judiciaires que le Préfet maritime ne peut déléguer ;
– le commandant des forces navales de région (Alfornav II) qui commande les forces navales affectées à la 2e Région et normalement stationnées à Brest. Il est l’adjoint opérations de Ceclant/Prémar II pour toutes les opérations aéromaritimes et la préparation des plans correspondants ;
– le major-général du port de Brest, commandant militaire des services de l’arsenal. Il est l’adjoint logistique de Ceclant/Prémar II. Ses missions principales sont le soutien des forces maritimes affectées ou de passage à Brest et la défense de l’arsenal.
– le commandant de l’aéronautique navale en 2e Région (Aero II) dont la mission prioritaire est la mise en condition des forces de l’aéronavale dépendant de son autorité. Il est l’adjoint du Préfet maritime pour tout ce qui concerne l’emploi et le soutien des formations et organismes opérationnels de l’Aéronautique navale. Pour leur mise en œuvre opérationnelle, il est subordonné à Alfornav II afin que soit assurée l’unicité indispensable de conception et de direction des opérations aéronavales ; à ce titre, il est le remplaçant normal d’Alfornav II ;
– enfin, un officier de l’Armée de terre est adjoint pour la défense du Finistère ; il a délégation pour remplir les fonctions de Commandant de la défense du Finistère et pour traiter les affaires de Défense opérationnelle du territoire (DOT).
Les attributions et les responsabilités des officiers généraux commandant les arrondissements de Lorient et de La Pallice-Rochefort ne seront pas modifiées par la nouvelle organisation.
Armement pour essais du croiseur Colbert
Le 5 août 1972, le Colbert a été armé pour essais après avoir été converti en croiseur lance-missiles antiaériens. Après une période d’essais à la mer qui débutera en octobre prochain, il doit en principe rallier les forces opérationnelles dans le courant de l’année 1973. Les travaux de conversion commencés en avril 1970 auront donc été de l’ordre de trois ans.
Le Colbert présente les caractéristiques générales initiales suivantes :
– Chantier de construction : arsenal de Brest ;
– Sur cale : décembre 1953 ; lancement : 24 mars 1956 ; en service : mai 1959.
– Déplacement : 11 300 t en pleine charge.
– Dimensions : 180,80 m x 20,20 m.
– Puissance : 86 000 CV - 2 hélices.
– Vitesse maximale : 32 nœuds.
– Protection : pont blindé de 50 mm et cuirasse latérale de 50 et 80 mm.
– Armement avant refonte : 8 tourelles doubles de 127 CA semi-automatiques ; 8 affûts doubles de 57 CA automatiques.
Durant la refonte, l’artillerie de 127 a été débarquée ainsi que 2 des affûts de 57. Ces matériels ont été remplacés par :
– 1 système surface-air à moyenne portée Masurca situé sur la plage arrière ;
– 1 groupe de 100 CA composé de 2 tourelles simples superposées à l’avant.
On a profité de ces importants travaux pour refaire le bloc-passerelles, moderniser les radars et les transmissions, doter le navire du Sénit (Système d’exploitation des informations tactiques), remanier les installations de commandement et améliorer quelque peu les conditions d’habitabilité.
À la suite de ces divers travaux, l’armement du Colbert est devenu le suivant :
– 1 système surface-air Masurca ;
– 2 tourelles de 100 CA simples automatiques ;
– 6 affûts doubles de 57 CA automatiques.
L’installation du système Masurca à bord du Colbert est assez semblable à celle des frégates lance-engins Duquesne et Suffren. Les missiles mis en œuvre sont du type MOD 3 autoguidé ; c’est un engin à moyenne portée (25 nautiques ; plafond : 75 000 pieds) à deux étages à poudre. Il se compose du missile proprement dit et de son accélérateur qui lui communique en quelques secondes une vitesse de croisière de Mach 3. Le combustible de croisière à combustion plus lente entretient cette vitesse durant la durée du vol. Dans la version MOD 3, le but est éclairé par le puissant faisceau électronique de l’illuminateur associé à chacun des 2 radars de guidage faisant partie du système. Le missile grâce à son autodirecteur se dirige de lui-même sur le but en suivant une trajectoire de navigation proportionnelle. La charge militaire du Masurca est supérieure à 100 kg : le Colbert embarque une quarantaine de ces engins. Quant à l’artillerie de 100, connue pour son efficacité, elle est du modèle le plus récent.
Ainsi refondu, le Colbert est devenu un bâtiment de combat moderne qui s’ajoutant aux frégates Duquesne et Suffren assurera à notre flotte, grâce à la puissance et la précision du système Masurca une très bonne protection aérienne. Son aptitude à diriger un réseau Sénit permettant de tenir une situation cohérente air et surface au sein d’une force navale déployée sur une zone importante, en fait un excellent bâtiment de commandement et de défense aérienne. Ses installations lui permettraient en outre de diriger, le cas échéant, une force interarmées opérant outre-mer.
Situation de la flotte marchande au 1er juillet 1972
Selon le Secrétariat général de la Marine marchande la flotte de commerce française se composait le 1er juillet 1972 de 544 navires représentant 7 239 454 tonnes de jauge brute (tjb) et 11 635 160 t de port en lourd (tdw). Cette flotte qui occupe le 10e rang dans le monde était ainsi répartie :
|
Nbre |
Tjb |
Tdw |
Navires à passagers |
27 |
247 682 |
62 139 |
Cargos |
382 |
2 512 965 |
3 492 368 |
Pétroliers |
135 |
4 478 807 |
8 080 653 |
L’état des navires en commande pour le compte des armements français comportait 70 navires pour 3 191 545 tjb dont 38 représentants 2 005 447 tjb dans les chantiers nationaux et 32 totalisant 1 186 098 tjb dans des chantiers étrangers.
L’activité des chantiers français a été dans l’ensemble satisfaisante en 1971 et si, dans les premiers mois de cette année, le montant des commandes s’est légèrement affaissé par suite de la diminution consécutive à la contraction de la demande internationale de tonnage neuf, il n’en représentait pas moins le 1er avril 1972, 4 580 000 tjb dont 54,6 % pour le compte d’armateurs étrangers. ♦