L'auteur a séjourné plusieurs années en Extrême-Orient. Historien et géographe, il montre ici comment les mouvements extrémistes japonais après avoir, en 1960, provoqué la chute du gouvernement Kishi, se sont peu à peu discrédités par leurs excès, au point d'apparaître comme des alliés objectifs du pouvoir et d'être pratiquement éliminés de la scène politique. Dans ce processus, les nombreuses chaînes de télévision n'ont pas joué un rôle moindre que les fameux « kidotai », brigades de répression des émeutes, dont les méthodes sont maintenant étudiées et imitées par beaucoup de pays. L'affreux massacre de Lod, perpétré par un commando japonais se réclamant de l'« Armée rouge », vient hélas ! apporter une tragique confirmation à la thèse de l'auteur.
Au Japon, la violence sert le pouvoir
Au moment où, couronne par la restitution d’Okinawa, le long règne de M. Sato s’achève au milieu d’intrigues parlementaires qui laissent indifférente la grande masse du peuple japonais, on oublie assez facilement les vagues d’agitation et les mouvements de violence qui ont, à plusieurs reprises au cours des dernières années, paru menacer non seulement l’autorité du Premier Ministre, mais même la stabilité du régime dont il était devenu l’incarnation. Et pourtant, la presse européenne elle-même s’est chaque fois fait l’écho des désordres spectaculaires suscités par les fameux militants du Zengakuren ; si plus personne n’en parle aujourd’hui, c’est que les excès mêmes de ces agitateurs, habilement exploités par le gouvernement, ont retourné contre eux une opinion qui, à l’origine, leur avait été plutôt favorable.
Tandis que son frère aîné, M. Kishi, avait dû, en 1960, abandonner le pouvoir sous la pression de l’émeute, M. Sato réussira, selon toutes apparences, à se retirer dans le calme et à l’heure qu’il choisira.
Des étudiants violents : le zengakuren
Chacun sait que la violence, tout autant que la politesse, est un des traits traditionnels du caractère japonais ; on sait moins que le Japon contemporain est à peu près exempt de ces affrontements brutaux entre employeurs et salariés, qui sont encore fréquents en Europe Occidentale ; ceci tient aux structures particulières de la société japonaise et à une complicité objective entre les syndicats et le patronat, alliés dans la poursuite de l’expansion économique (1). Il en résulte que, si parfois le monde du travail y a été associé, c’est essentiellement la jeunesse estudiantine qui a eu au Japon, depuis 1945, l’initiative et presque le monopole de la violence ; mais il est peu d’années où quelques milliers d’étudiants d’extrême-gauche ne soient à plusieurs reprises descendus dans la rue pour manifester leur hostilité à la politique du gouvernement.
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