La réunion en 1973 à Helsinki d'une Conférence de sécurité et de coopération en Europe devra permettre aux États du continent d'instituer, dans un climat d'entente, un système de relations de coopération de nature à fonder la sécurité collective autrement que sur l'équilibre de la terreur et le partage du monde entre des blocs héritiers de l'esprit de Yalta. « À partir du moment où l'on ne croit plus à la guerre ni pour soi ni pour les autres, il faut nécessairement croire au dynamisme du dialogue et du contact ». La paix et le progrès sont à ce prix. Il s'agit là d'une entreprise primordiale pour le destin de l'Europe mais qui ne va pas sans dangers. Il convient donc d'en peser soigneusement les risques et les gains et d'en dénoncer les déviations possibles. C'est à une telle analyse que procède ici le président de la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale après avoir rappelé quels sont les objectifs de la politique étrangère de la France et sa position face à cette question.
Relations atlantiques et conférence de sécurité européenne
L’un des problèmes majeurs de la politique étrangère française est celui de maintenir un système de relations atlantiques, cordiales et confiantes, qui ne soit ni opposé ni assujetti à une organisation des rapports de coexistence et de détente avec l’Est de notre continent. La sécurité de la France ainsi que les possibilités d’éclosion d’une Europe réelle impliquent la volonté politique de coordonner et de maintenir à l’état permanent cette double démarche. Or les obstacles à surmonter pour y parvenir sont, bien entendu, par leur nature et leur contexte, très différents.
Vis-à-vis des États-Unis, auxquels nous lient une amitié historique, une parenté de valeurs et des données économiques de même nature, le problème est, pour nous, du fait d’une écrasante différence de dimension, de maintenir néanmoins une indépendance stratégique et politique nous permettant de demeurer nous-mêmes, c’est-à-dire autres que la nation américaine. Il est de pouvoir demeurer l’ami utile et lucide d’une superpuissance entraînée à maintes reprises, et peut-être malgré elle, dans les tentations dangereuses d’une vision bipolarisée de la planète.
Avec l’Est, le problème est de passer, sans naïveté ni imprudence, de la guerre froide à la coexistence, puis de cette dernière à une détente organisée et permanente avec les États communistes. À partir du moment où l’on ne croit plus à la guerre ni pour soi ni pour les autres, il faut nécessairement croire au dynamisme du dialogue et du contact, seuls moteurs possibles de l’évolution des peuples et des idéologies. Que faire d’autre d’ailleurs ? S’il est exact qu’une garde trop abaissée conduirait à une tutelle soviétique sur l’Europe, la stagnation dans l’isolement aiguiserait les idéologies et nous ramènerait rapidement à un état de guerre froide larvée, avec tous les dangers qu’une telle situation comporterait.
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