Défense en France - La réforme des statuts particuliers des officiers, des officiers techniciens et des sous-officiers de carrière - Les manœuvres nationales 1975 : Manat 1975
À la veille de quitter une charge ministérielle dont il avait sollicité sa relève plusieurs semaines auparavant, M. Jacques Soufflet, ministre de la Défense, avait tenu à présenter, le 30 janvier 1975, devant les hautes autorités militaires des trois armées et de la gendarmerie, les projets établis sous sa direction pour la réforme du statut des officiers et des sous-officiers de carrière. Comme il l’avait annoncé au Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) réuni le 20 octobre 1974, ces projets feront l’objet d’une large information à l’échelon régional où des groupes de travail seront constitués, afin que l’ensemble des bénéficiaires puisse en prendre connaissance, faire part de leurs observations à leur sujet et faire valoir leur avis sur les solutions à retenir. C’est là, il faut le souligner, surtout à un moment où les détracteurs de l’institution militaire l’accusent d’immobilisme, une procédure libérale sans précédent à porter au crédit d’un ministre qu’une certaine presse avait pris pour cible, alors qu’en fait, c’est en grande partie grâce à son action personnelle que la condition militaire aura fait les progrès matériels les plus sensibles et les plus rapides.
Pour mesurer l’importance de la réforme projetée, il convient d’en rappeler l’origine, le cadre social dans lequel elle se situe, les motifs et les principes, avant de les illustrer par quelques exemples concrets montrant l’impact qu’elle aura sur les carrières types d’officiers et de sous-officiers.
Malgré l’œuvre de rénovation de la défense accomplie par la Ve République une fois le conflit algérien terminé, il faut bien reconnaître que la condition des militaires n’avait pas progressé de pair avec la modernisation des armées. L’importance de l’effort financier pour les adapter matériellement à la stratégie de dissuasion et à l’évolution tactique provoquée par le feu nucléaire avait conduit à reléguer en seconde urgence les problèmes des personnels. Le redressement de cette situation a commencé en 1972 avec l’adoption de la loi portant statut général des militaires qui a marqué le début d’une nouvelle série de réformes répondant aux problèmes que posaient l’encadrement des forces et la vie d’une armée dans une société de temps de paix. Les projets de statuts particuliers des officiers, des officiers techniciens et des sous-officiers de carrière s’insèrent dans cette série qui, outre la création du CSFM, a donné le jour à une cinquantaine de textes nouveaux, et parmi eux, de statuts très novateurs comme celui des engagés, celui des personnels féminins et surtout celui des médecins et pharmaciens chimistes des armées.
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