Demain… l’armée chinoise
Le rayon déjà abondamment garni, réservé chez les libraires aux études sur la Chine populaire, vient de s’enrichir d’un nouvel ouvrage. Jean-Pierre Brulé connaît bien le sujet pour lui avoir déjà consacré, en 1969, un livre : La Chine a vingt ans qui avait retenu l’attention en France, comme à l’étranger. Cette fois, pour expliquer la Révolution culturelle et pour essayer de deviner ce que pourrait être la Chine « d’après Mao » – les deux préoccupations majeures au cours de ces dernières années de la quasi-totalité des sinologues – Jean-Pierre Brulé adopte un éclairage nouveau, celui que prennent les événements si on les considère comme autant d’épisodes dans l’histoire de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise.
Le choix d’un tel fil directeur n’est évidemment défendable que dans la mesure où on est au préalable arrivé à la conclusion que le rôle de l’armée a été déterminant, si non peut-être dans la genèse de la Révolution culturelle, du moins dans son développement et dans l’orientation qu’elle a prise. Jean-Pierre Brulé en est convaincu et apporte de nombreux arguments à l’appui de cette interprétation. Le fait, entre autres, qu’aujourd’hui encore, plus de trois ans après la « liquidation » du maréchal Lin Piao, Mao se trouve dans l’impossibilité de pourvoir le poste capital de ministre de la Défense comme celui de chef d’état-major général et même certains commandements d’armes, est aux yeux de l’auteur une preuve de l’influence que les titulaires de ces postes sont susceptibles d’exercer sur le destin du pays. On ne peut plus dire, estime-t-il, que le Parti commande aux fusils. Le pouvoir pourrait bien désormais être au bout du fusil.
L’intérêt du livre ne réside pas exclusivement dans cette thèse et dans les développements historiques destinés à l’étayer. L’auteur a consacré toute une seconde partie à une présentation – sous la forme classique des synthèses de renseignement périodiquement publiées par les grands états-majors – de l’armée chinoise en 1974 : effectifs, armements, organisation, instruction, doctrine. Les sources qu’il a utilisées ne sont pas révélées. Il semble probable que l’auteur ait eu accès à certains documents confidentiels d’origine américaine, en particulier pour tout ce qui concerne les armements atomiques. Les indications détaillées et souvent très précises qu’il donne dans ce domaine ne manqueront pas d’intéresser aussi bien les profanes que les spécialistes. ♦