Les relations internationales
L’étude des relations internationales était jadis, dans l’Université, du ressort du droit international public. Elle ne peut plus ignorer aujourd’hui les apports de la sociologie et de l’histoire. L’ouvrage de Charles Zorgbibe, un juriste professeur de droit international public à l’UER de droit et de sciences économiques de Sceaux, fait appel à toutes les disciplines et en particulier à l’histoire immédiate, c’est-à-dire à la réalité actuelle des relations internationales, marquée depuis trente ans par un fait majeur : l’existence des armes nucléaires. D’où la question que pose Charles Zorgbibe : « l’état de nature » qui, selon Hobbes, caractérise les relations internationales et que l’auteur du Leviathan opposait à l’ordre civilisé régnant à l’intérieur des États, va-t-il se perpétuer au risque d’un suicide planétaire ou bien le fait nucléaire est-il en train de faire progresser cette sagesse des nations et ce Pacte social que Hobbes appelait de ses vœux ? Nul doute, pour Charles Zorgbibe, que le monde moderne cherche confusément son unité : en témoignent suffisamment les accords en vue de prévenir le risque d’un cataclysme nucléaire aussi bien que les conférences pour établir un nouveau droit de la mer ou un nouvel ordre économique mondial. L’humanité aspire à une « gestion collective » et l’on assiste à « une internationalisation de la politique internationale ».
C’est à ce thème initial que vont se rapporter les développements de l’ouvrage au cours desquels Charles Zorgbibe présente successivement la scène internationale avec ses acteurs, puis leur jeu. À notre époque de mass media diffusant dans un monde fini une information immédiate, les acteurs ne sont plus seulement les États mais aussi les opinions publiques, les organisations internationales à l’échelle mondiale ou régionale. S’y ajoutent « les forces transnationales » : celles que représentent les obédiences religieuses ou idéologiques, mais aussi les sociétés internationales avec la réaction qu’elles suscitent en retour sous la forme d’un syndicalisme dépassant les frontières.
Comment progresser vers un monde ordonné ? Comment assurer la paix ? Par l’Arms Control ou par le désarmement dont l’auteur analyse les tentatives ? Par les pactes et ententes régionales réalisant un équilibre cher à l’historien devenu homme d’État, le professeur Kissinger, qui rêve d’être le Metternich de notre siècle ? Par l’imbrication des intérêts économiques comme le préconise Samuel Pisar ? La convergence de ces intérêts entrainera-t-elle une harmonisation des systèmes politiques fondant la coexistence sur des bases plus solides ? Raymond Aron avait jadis exprimé sur ce point ce scepticisme. Charles Zorgbibe incline lui aussi à en douter.
Comme tous ceux de la collection Thémis, cet excellent manuel de science politique ne s’adresse pas seulement, aux étudiants de l’enseignement supérieur mais aussi à tout homme cultivé désireux de se tenir au courant de l’évolution de la scène internationale, d’en connaître les personnages et de comprendre leur jeu. ♦