Au 1er janvier 1972, la valeur totale du carnet de commandes des chantiers français de construction navale dépassait 11 milliards de francs, dont plus de 60 % pour l'exportation. Le chiffre d'affaires de ce secteur industriel sera supérieur à 2,5 MdF en 1972 avec un taux de croissance annuel d'au moins 25 % au cours des trois prochaines années. La gamme des navires qui peuvent être construits est complète, notamment du côté des grands pétroliers de 500 000 tjb et du côté des transporteurs de gaz naturel liquéfié.
On pourrait citer d'autres données de fait. Elles montreraient à l'évidence que la construction navale française est en pleine expansion, en pleine mutation technologique, et qu'elle occupe une place de choix dans les industries exportatrices françaises. Et cependant ce secteur industriel, qui bénéficie il est vrai d'un important soutien de la part de l'État, est parfois, par méconnaissance, assimilé aux entreprises condamnées qui ne doivent leur survie qu'aux aides que leur octroie l'État. Confrontée beaucoup plus que la plupart des autres industries à la concurrence internationale, il n'est pas surprenant que la construction navale se heurte à des difficultés. Les auteurs, respectivement adjoint au Secrétaire général de la Marine marchande et chef du Service de l’équipement naval, se proposent d'analyser ces difficultés après avoir décrit le contexte international et rappelé l'évolution récente de l'industrie française de la construction navale.