Novembre 1972 - n° 316

Les événements récents concernant les otages ont horrifié et l’horreur empêche de penser ; la pensée est un phénomène froid et qui implique un détachement. Je voudrais proposer quelques « pensées » sur ces tragédies en les rattachant à une explication plus haute : en rapprochant ce phénomène-otage du phénomène-atome, guerre atomique. Car ce sont deux cas particuliers (et jusqu’ici indépendants pour le bien de l’humanité) d’une technique aussi vieille que l’homme : la dissuasionLire les premières lignes

  p. 1587-1591

Il en est de l'armement nucléaire comme de tout autre : il n'est pas donné une fois pour toutes. Pour l'auteur, ingénieur général de l'armement, adjoint-atome à l’État-major des armées, l'effort doit être poursuivi afin de maintenir notre force de dissuasion à hauteur des techniques qui nous sont ouvertes depuis qu'en 1968 nos ingénieurs ont réussi le passage à la fusion thermonucléaire.

  p. 1592-1597

Au 1er janvier 1972, la valeur totale du carnet de commandes des chantiers français de construction navale dépassait 11 milliards de francs, dont plus de 60 % pour l'exportation. Le chiffre d'affaires de ce secteur industriel sera supérieur à 2,5 MdF en 1972 avec un taux de croissance annuel d'au moins 25 % au cours des trois prochaines années. La gamme des navires qui peuvent être construits est complète, notamment du côté des grands pétroliers de 500 000 tjb et du côté des transporteurs de gaz naturel liquéfié. Lire la suite

  p. 1598-1618

Les grands ports maritimes de commerce constituent un instrument important de la compétition économique internationale en raison du rôle qu'ils jouent dans le développement du commerce extérieur et de l'industrialisation, deux options majeures du VIe Plan. La part croissante prise dans les importations par les produits énergétiques et la mise en service prochaine de navires géants avec 500 000 t de port en lourd sont là, entre autres, pour nous le rappeler. D'où la nécessité pour la France d'une politique portuaire à la mesure de ces besoins et bénéficiant des techniques modernes d'équipement. Elle doit être largement conçue et coordonnée en outre avec celle de l'aménagement du territoire. Lire la suite

  p. 1619-1631

En adoptant, le 7 décembre 1970, un projet de traité sur la dénucléarisation des fonds marins, l'Assemblée générale des Nations unies a certes couvert une étape sur la voie du désarmement et l'on ne peut que s'en féliciter. Mais, s'agissant d'un domaine aussi disputé que le milieu marin, source de richesses et de puissance, il était à prévoir que les interdictions prononcées par ce traité et le système de contrôle qu'il projette, de même que les conditions dans lesquelles il a été élaboré, hors de l'ONU, au sein du Comité de Genève, prêteraient à contestation. Après trois articles (mai 1969avril et mai 1971) consacrés aux questions juridiques propres au milieu marin, l'auteur, contrôleur des armées, apporte une nouvelle contribution à leur étude.

  p. 1632-1643

Alors que la CNUCED III s'est achevée à Santiago sur des résultats décevants, on peut se demander si les pays riches, pourtant si désireux d'améliorer pour eux-mêmes « la qualité de la vie », ne risquent pas de tomber dans l'erreur qui consiste, pour l'aide au Tiers-Monde, à subordonner le social à l'économique, ou du moins à privilégier celui-ci au détriment de celui-là. Le développement passe au contraire par la valorisation des ressources humaines et notamment, dans un premier stade, par l'éducation sanitaire, par la médecine préventive et sociale, le dépistage, la vaccination, etc. Cette action de masse permettra de restituer au travail un nombre considérable de travailleurs vigoureux et actifs. Lire la suite

  p. 1644-1659

Les deux grands de l'Asie, la Chine et le Japon, viennent de se réconcilier. La paix en Indochine semble proche. Comment dans ce contexte nouveau, vont évoluer les nations d'Asie du Sud-Est ? Au mois de mars dernier, Jean de Lipkowski, alors Secrétaire d'État aux Affaires étrangères, s'est rendu en visite officielle à Djakarta, à Kuala Lumpur et à Singapour. Profitant de son séjour en Indonésie, il a réuni une conférence des chefs de mission français en poste en Asie du Sud-Est et en Océanie. Pourquoi ce voyage ? La France a-t-elle encore un rôle à jouer dans cette région lointaine ? Que peut l'Europe pour ces nations qui prennent conscience à la fois de leur originalité et de leur solidarité régionale ? C'est à ces questions que tente de répondre l'auteur.

  p. 1660-1667

Après la conférence qui vient d'avoir lieu sans succès sur l'avenir de l'Irlande du Nord et avant les consultations (élections locales et référendum) qui doivent se tenir prochainement, nous avons jugé utile de dresser un bilan de l'action qui a été entreprise par le gouvernement britannique et son super-ministre à Belfast, M. Whitelaw. Jacques Leruez (spécialiste des problèmes anglo-saxons au Centre d'études des relations Internationales) s'efforce de montrer ce qui est spécifique dans le conflit nord-irlandais actuel et se garde de généralisations faciles sinon abusives. Lire les premières lignes

  p. 1668-1686

Pays de paradoxes, telle est la Finlande qui allie la rigueur scandinave au charme des influences slaves. Pays nordique dont un quart du territoire se situe au nord du cercle arctique, mais dont la belle saison a la splendeur de la lumière méditerranéenne. Nation respectueuse des engagements souscrits envers son puissant voisin soviétique, mais dont le Parti communiste est divisé et qui est prête à accueillir tous les efforts de paix : SALT et prochaine Conférence de sécurité européenne. Démocratie qui a connu cinquante-sept gouvernements depuis un demi-siècle, mais qui a fondé sa stabilité parlementaire sur une coalition « vert-rouge » aujourd'hui ébranlée. On n'en finirait pas de citer les aspects contradictoires de la Finlande et c'est bien là ce qui en fait un pays attachant. Lire la suite

  p. 1687-1705
  p. 1706-1711
  p. 1712-1717
  p. 1718-1727

Chroniques

Tous les événements se sont précipités en quelques semaines. Certes, on pouvait penser que le voyage du président Nixon à Pékin en février 1972, et le remplacement de M. Sato par M. Tanaka à la tête du gouvernement japonais, auraient des répercussions directes sur les relations entre la Chine et le Japon. Mais on n’en a pas moins été surpris par la rapidité d’une normalisation qui prend immédiatement une ampleur telle que l’on peut penser que le voyage à Pékin de M. Tanaka [NDLR 2022 : du 25 au 30 septembre] restera dans l’histoire comme ayant marqué la date de naissance d’une nouvelle Asie. L’ensemble des relations internationales s’en trouvera affecté. Lire la suite

  p. 1728-1736

Tel qu’il a été arrêté en Conseil des ministres le 15 septembre 1972, le projet de budget de la Défense nationale pour 1973 rompt avec la continuité des budgets antérieurs en ce sens que, pour la première fois depuis bientôt dix-sept ans, la part qu’il représente dans le budget général de l’État a cessé de décroître. Lire la suite

  p. 1736-1743

M. Whitelaw, secrétaire d’État pour l’Irlande du Nord préside depuis le 25 septembre 1972 une conférence qui se propose de trouver une solution politique à la crise de l’Ulster. Mais sur sept partis attendus, trois seulement ont accepté de participer aux entretiens dont on ne peut guère attendre de résultats tangibles. Pendant ce temps, l’Armée britannique se voit dans l’obligation de maintenir en Irlande des forces importantes au détriment de ses autres missions. Lire la suite

  p. 1743-1750

Deux manifestations importantes pour l’Armée de l’air française ont eu lieu au début de l’été 1972 : le Congrès de la chasse et de la reconnaissance qui s’est tenu à Cazaux, et celui du transport à Orléans. Lire la suite

  p. 1750-1757

La première des 20 vedettes lance-missiles, commandées par la Bundesmarine aux Constructions mécaniques de Normandie à Cherbourg, a été lancée le 27 septembre en présence d’une nombreuse assistance et notamment de l’amiral Kühnle, inspecteur de la marine fédérale [NDLR 2022 : l’équivalent allemand du CEMM], du Délégué ministériel pour l’armement (DMA), du Chef d’état-major de la Marine et de l’ingénieur général directeur des Constructions navales. Rappelons que c’est à la suite d’un accord signé le 23 octobre 1970 que la construction de ces vedettes a été confiée au chantier précité sous la responsabilité de la maîtrise d’œuvres de la Direction technique des constructions navales (DTCN), l’industrie allemande étant associée par ailleurs à la réalisation du programme. Les vedettes type S-148 présentent les caractéristiques suivantes : Lire la suite

  p. 1758-1762

L’occupation par le Gabon de trois îlots inhabités – Mbanie, Conga et Cocotier – revendiqués par la Guinée équatoriale a fait éclater au grand jour un litige frontalier latent. Ces terres dont la superficie est tellement infime qu’elle ne justifie pas leur inscription sur les cartes murales ordinaires, constituent la partie émergée d’un banc de sable étalé par 5 mètres de fond, à quelques kilomètres des côtes gabonaises ; elles se trouvent sensiblement à égale distance de la côte gabonaise et de l’archipel Corisco, lui-même compris dans la portion insulaire de la Guinée équatoriale. Lire la suite

  p. 1763-1768

Bibliographie

Emmanuel Berl : Le virage  ; Éditions NRF-Gallimard, 1972 ; 165 pages - Georges Vincent

Emmanuel Berl a consacré sa vie au journalisme et à la littérature, mais il s’est aussi essayé à l’histoire et au roman, non sans succès puisqu’il a reçu en 1967 le Grand prix de Littérature de l’Académie française. Lire la suite

  p. 1769-1769

Tim Pat Coogan : IRA, histoire et actualité de l’armée républicaine irlandaise  ; Éditions Alain Moreau, 1972 ; 516 pages - André Nolde

L’Armée républicaine irlandaise (IRA), mouvement politique qui a délibérément choisi la violence comme moyen d’action pratiquement unique, et d’ailleurs statutaire, a été créée au lendemain du soulèvement de 1916. Elle avait donc un demi-siècle d’existence et une histoire déjà longue et animée lorsqu’éclatèrent, il y a bientôt trois ans, en Ulster, les affrontements sanglants qui lui valurent d’être poussée au premier plan de l’actualité mondiale. Lire la suite

  p. 1769-1770

Maurice Duverger : Janus. Les deux faces de l’Occident  ; Éditions Fayard, 1972 ; 270 pages - Claude Delmas

Ce livre constitue la première analyse comparative du « système occidental », c’est-à-dire de l’ensemble formé par les institutions politiques, les structures économiques, les croyances religieuses, les traditions culturelles communes à l’Occident-l’Europe occidentale et les pays (États-Unis, Canada, Australie, etc.) formés par sa civilisation. Pour Maurice Duverger, ces divers éléments sont interdépendants et réagissent globalement aux modifications de l’environnement. Son objet principal est d’analyser ces relations et ces réactions, afin d’expliquer la nature profonde du système occidental et de la crise qu’il traverse aujourd’hui. Lire la suite

  p. 1770-1770

Jacques Ellul : De la révolution aux révoltes  ; Éditions Calmann-Lévy, 1972 ; 382 pages - André Nolde

Combattant de la Résistance, professeur d’université, théologien à ses heures, Jacques Ellul a toujours orienté ses réflexions vers les sujets qui touchent au comportement de l’individu, à la vie en société et à notre temps. Écrivain de talent, doué d’une grande facilité d’expression, il sait présenter le fruit de sa méditation en un style direct, imagé, chaud et coloré, qui procède d’une remarquable maîtrise du vocabulaire et du langage. Lire la suite

  p. 1771-1771

Ferenc Janossy : La fin des miracles économiques  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 303 pages - André Nolde

Avec cet ouvrage, dont le titre est à notre avis beaucoup trop restrictif, Ferenc Jannosy, un ingénieur et économiste hongrois étroitement associé dans son pays à la planification d’État, nous convie à une ample réflexion sur les causes et les ressorts du développement économique dans le monde. Ce qu’on a appelé les miracles économiques – et l’auteur pense surtout à l’Allemagne de l’Ouest, au Japon et à l’Italie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale – ne sont en réalité, nous dit-il, que de simples péripéties, qui s’expliquent par les nécessités de la reconstruction, mais qui ne doivent pas masquer une tendance générale remarquablement stable qui maintient – ou ramène tôt ou tard – chaque pays dans la voie qui lui est tracée par sa vocation originale. Lire la suite

  p. 1771-1772

Don K. Price : Science et Pouvoir  ; (traduit de l’américain par France Aubert) Éditions Fayard, 1972 ; 305 pages - C. B.

Par une analyse des situations l’auteur, qui possède une longue expérience des milieux gouvernementaux, nous montre l’impact de la science sur les autres activités humaines. La science devenant indispensable pour régler les grandes questions de guerre ou de paix, de nouvelles bases de relations entre politique et science doivent être trouvées. Lire la suite

  p. 1772-1772

Maurice J.C. Vile : Le régime des États-Unis  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 298 pages - H. N.

À l’heure où les États-Unis s’apprêtent à élire leur Président, ce livre vient très opportunément éclairer pour nous les arcanes des institutions américaines. Il faut bien avouer que le système électoral avec ses opérations primaires, ses conventions, sa campagne finale menée dans la liesse populaire au bruit des orphéons, à grand renfort de défilés de jupettes et d’exhibitions de carnaval, nous apparaît surprenant. Surprenant aussi ce bipartisme dont l’on apprend qu’il n’est que coalition éphémère d’une multitude de partis. Lire la suite

  p. 1772-1773

René Dumont : Paysannerie aux abois  ; Éditions du Seuil, 1972 ; 254 pages - André Nolde

René Dumont, qu’il n’est guère besoin de présenter à nos lecteurs, est un non-conformiste impénitent. Dans Paysanneries aux abois, il poursuit la lutte commencée il y a quelque dix ans contre les poncifs et les idées sécurisantes, si abondamment propagés dans les pays nantis concernant le sous-développement des pays récemment rendus à l’indépendance. Lire la suite

  p. 1773-1773

Jean-Paul Bertrand : Bonaparte et le Duc d’Enghien. Le duel des deux France  ; Éditions Robert Laffont, 1972 ; 205 pages - André Nolde

Contrairement à ce que pourrait laisser supposer le titre de cet ouvrage, il ne s’agit pas d’un récit historique à proprement parler. L’action, assez brièvement rappelée, est supposée connue, ainsi que les circonstances historiques du conflit qui opposa en 1804, à la veille de son couronnement comme empereur, Bonaparte aux royalistes. Le propos de Jean-Paul Bertrand est autre. Lire la suite

  p. 1774-1774

Philippe Erlanger : Louis XIII  ; Librairie Académique Perrin, 1972 ; 411 pages - H. N.

« Louis XIII fut le dernier des rois de France à être pleuré par ses sujets ». « Il incarna, affirme encore Philippe Erlanger, la souveraineté nationale autant que le droit divin ». Pourtant rien ne le prédisposait, hors son orgueil, à gouverner un État. Déchiré entre un père qu’il adore mais dont la conduite l’horrifie, et une mère qu’il veut aimer mais qui se refuse à sa tendresse, avili par ceux-là mêmes qui ont la charge de l’élever, enfant encore marié à une autre enfant qu’il se force à désirer, il entreprend dès l’adolescence le combat qu’il mènera jusqu’à son lit de mort contre lui-même pour donner à son peuple l’image de sa grandeur. Lire la suite

  p. 1774-1774

Robert Rothschild : La chute de Chiang Kaï Shek  ; Éditions Fayard, 1972 ; 358 pages - André Nolde

Robert Rothschild, actuellement ambassadeur de Belgique en France, était encore un tout jeune diplomate lorsqu’en juillet 1944 le gouvernement belge en exil le nomma premier secrétaire à son ambassade de Chongqing. Après la victoire des Alliés, Rothschild suivit Tchang Kaï-chek à Shanghai et fut, peu après, nommé consul général de son pays dans cette ville. Il devait ainsi rester plus de six ans en Chine, à des postes d’observation particulièrement intéressants et à une époque très riche en événements historiques et en péripéties diplomatiques de tout ordre, puisqu’elle correspond à l’effondrement de l’ancien régime du Kuomintang et à l’inauguration du règne de Mao Tsé-toung. Lire la suite

  p. 1775-1775

Wladimir d’Ormesson : Présence du général de Gaulle  ; Librairie Plon, 1971 ; 199 pages - J.-L. T. R.

Publiciste et gaulliste ardent, Monsieur d’Ormesson a écrit ce petit ouvrage pour justifier son admiration et situer le général de Gaulle, prendre, en quelque sorte, sa mesure. À travers ses réflexions, ses souvenirs, des extraits de ses écrits passés, l’auteur fait sentir cette grande « présence » qui a dominé son époque et infléchi le cours de l’Histoire. Lire la suite

  p. 1775-1775

Revue Défense Nationale - Novembre 1972 - n° 316

Revue Défense Nationale - Novembre 1972 - n° 316

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Novembre 1972 - n° 316

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