Hommes et destins
Dans l’introduction de cet important ouvrage, M. Robert Cornevin, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences d’outre-mer, définit le principal objectif poursuivi : éviter que le « discrédit actuellement attaché à la période coloniale » fasse « basculer dans les oubliettes de l’Histoire les noms de savants, d’officiers, de médecins, de missionnaires, d’administrateurs, de colons qui ont marqué de leur action et de leurs travaux, telle ou telle partie de l’ancien domaine colonial ».
Mais les auteurs ne se sont pas limités aux biographies apologétiques : ils s’intéressent aux « ombres » de la colonisation, à ceux qui ont contribué à ternir une période pourtant fertile en actions courageuses, humaines, efficaces et désintéressées. Ils ont aussi tenu à étudier les personnalités qui se sont opposées à la colonisation, personnalités dont l’image a parfois été déformée par leurs anciens adversaires et qui méritent souvent le respect que leur portent les nouveaux États indépendants ; on remarquera notamment, à ce sujet, les pages consacrées à El Hadj Omar, à Toussaint-Louverture et à Abd el Kader, pages qui exaltent les qualités politiques et humaines dont ces véritables créateurs de nations ont fait preuve dans une lutte inégale.
Le dictionnaire couvre l’histoire des deux empires français, celui des XVIIe et XVIIIe siècles, celui des XIXe et XXe siècles. Il ne néglige pas les personnalités étrangères qui ont pu marquer l’évolution de pays passés tardivement sous obédience française, comme le Cameroun et le Togo. Il analyse même l’action exercée par des Français dans des territoires soumis à l’administration d’autres puissances.
Chaque biographie étant accompagnée d’une bibliographie portant soit sur les œuvres de la personnalité analysée soit sur les ouvrages qui lui ont été consacrés ou qui peuvent l’éclairer. Hommes et destins constitue un précieux instrument de travail pour l’historien et le journaliste, quelle que soit leur nationalité. Bien qu’en aucun cas l’ouvrage n’apparaisse comme une apologie de la colonisation, sa lecture devrait aussi permettre à chaque Français d’avoir une vue objective de l’action de ses compatriotes dans les anciennes colonies et, ayant pesé les fautes commises et les bienfaits apportés, de pouvoir affronter avec sérénité le dénigrement systématique dont cette action passée est présentement l’objet. ♦