Institutions internationales - Contradictions européennes - La candidature portugaise à la Communauté économique européenne (CEE) - Difficultés pour la Politique agricole commune (PAC)
Le printemps 1977 restera, aux yeux de l’histoire, dominé par plusieurs événements susceptibles de développer d’importantes conséquences. Le plus grave affecte sans conteste l’Afrique, dont on peut se demander si telle ou telle de ses régions ne risque pas de devenir un champ de bataille dont les États-Unis et l’Union soviétique ne pourraient se désintéresser. Alors que l’Asie du Sud-Est est, dans des conditions difficiles, en quête d’un nouvel équilibre (et l’échec électoral de Mme Indira Gandhi comme les troubles politiques de Thaïlande ont récemment illustré ces difficultés), alors que la situation au Moyen-Orient ne paraît plus sans issue (encore que l’assassinat de M. Kamal Joumblat ait montré la précarité de toute solution qui se veut rationnelle, c’est-à-dire dégagée des considérations raciales et religieuses), le continent noir suscite de vives inquiétudes.
Bien que se situant sur d’autres plans, l’échec des entretiens de M. Vance avec les dirigeants soviétiques, et les résultats des élections municipales françaises peuvent affecter certains des équilibres sur lesquels le raisonnement avait l’habitude de s’appuyer. Mais, une nouvelle fois, l’observateur remarque que ces événements se situent hors de la zone d’intervention éventuelle des organisations internationales. Ni l’ONU, ni l’OUA (Organisation de l’unité africaine) ne se sont manifestées à propos de l’Afrique. Seules les organisations européennes paraissent, en ce printemps 1977, en liaison directe avec les événements qui se produisent dans leur champ géographique.
Contradictions européennes
L’Europe des Neuf apparaît, en dépit des impuissances dont elle témoigne, comme un phare attirant les regards de trois pays qui n’en font pas partie : la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Cette situation ne se comprend, psychologiquement, qu’à travers l’image que se font de l’Europe communautaire ceux qui frappent à sa porte : une zone de richesse et de liberté. Les candidats à l’adhésion souhaiteraient recevoir l’estampille démocratique et, en même temps, élargir leurs horizons économiques. Ce n’est pas le seul aspect du problème. Lorsque la Grèce mit un terme au « régime des colonels » et demanda son adhésion à la CEE (Communauté économique européenne), la France s’empressa de lui faciliter la tâche. Elle voulait conforter le nouveau régime, mais aussi rééquilibrer la Communauté par un élargissement méditerranéen. À ses yeux, le centre de gravité des Neuf s’était trop déplacé vers le Nord depuis l’entrée de la Grande-Bretagne, du Danemark et de l’Irlande. Sans doute les responsables de la diplomatie française ne pensaient pas que le Portugal et l’Espagne, et sans doute demain la Turquie, seraient prêts aussi vite à parachever ce grand dessein. « Trop, c’est trop », dit-on maintenant à Paris, et si l’on veut bien, pour des raisons politiques, accéder aux désirs des néophytes, il faudra que, pour des raisons économiques et institutionnelles, le catéchuménat soit particulièrement long. Se retrouver à douze ou treize autour de la table du Conseil pour décider, alors qu’à neuf l’opération est déjà si difficile, ne laisse pas d’embarrasser ceux qui ont la charge de garantir l’exécution du Traité de Rome. L’idée est aujourd’hui de « globaliser » l’affaire, afin d’éviter que des surenchères ne puissent naître d’une entrée en ordre dispersé de nouveaux pays. En outre, une longue période de transition sera prévue pour parer aux chocs brutaux. Mais tant que de vraies politiques régionales et monétaires ne seront pas élaborées pour le nouvel ensemble et des moyens financiers accrus mis à la disposition des plus pauvres, on ne voit pas comment l’économie de cette Europe élargie pourrait fonctionner harmonieusement.
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