Outre-mer - La Conférence franco-africaine de Dakar : coopération mais aussi sécurité - Afrique : sursaut des « modérés »
L’Afrique modérée est-elle vraiment délaissée face aux menées subversives soviéto-cubaines ? La léthargie des puissances occidentales et principalement des États-Unis depuis l’affaire angolaise était-elle irrémédiable ? Trop souvent démunis, faute de solidarité, les États les plus pondérés du continent allaient-ils devoir s’en remettre « au rôle stabilisateur des forces cubaines », pour reprendre les propres termes de l’ambassadeur américain aux Nations unies, Andrew Young ? L’Afrique allait-elle tout entière être soumise à l’ordre qui règne à Varsovie et Prague ? La théorie des dominos… Elle redevenait d’actualité mais cette fois dans les capitales africaines. Et principalement à Dakar où le président Senghor se refuse toujours à reconnaître la République d’Angola, à Dakar où était convoquée les 20 et 21 avril la quatrième Conférence franco-africaine.
C’est donc dans un climat assez particulier (M. Robert Galley dira : dans une ambiance exceptionnelle) que se sont tenues ces assises. L’invasion du Shaba avait surpris tout le monde comme l’irruption d’une tornade, et la CIA, dit-on, ne donnait qu’un mois de survie au président Mobutu. Les responsables africains conviés à Dakar arrivaient tandis que la noria des Transall français acheminait le matériel militaire dont le roi du Maroc avait besoin pour les troupes qu’il mettait à la disposition des forces zaïroises. Si à Luanda on s’irritait de ces gestes de solidarité, si Moscou réprouvait avec une modération qui a surpris, en revanche le président en exercice de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), Sir Seewosagur Rangoolam, ne cachait pas son approbation. À Dakar le président Senghor réaffirmait que « rien ne pouvait se bâtir sur le continent si la sécurité, l’indépendance et la stabilité des pays n’étaient pas assurées ». L’aide logistique apportée par la France au Maroc et au Zaïre avait-elle une autre fin ? Elle touchait du reste à son terme au moment même où, dans la capitale sénégalaise, la concertation franco-africaine vivait des heures d’intensité exceptionnelle.
Est-ce à dire que le problème de la sécurité fut au centre des débats ? Aucunement. La France, pour disponible qu’elle soit en vue de telles entreprises d’entraide, ne peut opérer qu’en fonction d’accords ou de demandes précis. Poser la question de la défense dans l’enceinte d’une assemblée comme celle de Dakar aurait paru certainement une ingérence dans les affaires de certains pays dont la diplomatie ne concorde pas avec celle d’États comme ceux avec lesquels Paris a effectivement signé des accords militaires. M. Robert Galley, prié par un journaliste de Radio France Internationale de dire ce qu’il en était, de révéler si oui ou non les débats de Dakar avaient abordé les problèmes de sécurité, s’est contenté de répondre énigmatiquement : « Certainement pas dans la réunion officielle ».
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