Faits et dires
* Les forces nucléaires stratégiques françaises ont été présentées pour la première fois aux journalistes étrangers au cours d’un voyage organisé fin mai. Deux correspondants de l’agence Chine nouvelle figuraient parmi la quarantaine de journalistes qui avaient été invités. Il n’y avait, en revanche, aucun représentant de la presse soviétique.
* Le parti communiste français (Rapport Kanapa au Comité central du Parti, 11 mai) accepte désormais le fait nucléaire : il se prononce en faveur du maintien de la FNS et d’une modernisation limitée au seuil de puissance actuel. Le PC se rallie en outre à une stratégie tous azimuts.
* Il y a ceux dont je suis qui se demandent si l’arme nucléaire n’est pas notre ligne Maginot : on se croit abrités, protégés… En tout état de cause une instance qualifiée du parti socialiste va être appelée à se pencher sur ce problème.
François Mitterrand, interview au Point, 28 mai 1977
* La question de la durée du service militaire mérite une étude approfondie… Nous réfléchissons sur ce point.
Louis Baillot devant la commission de la défense
à l’Assemblée nationale, le 18 mai 1977
* Nous n’accepterions ni l’armée de métier de type anglo-saxon ni les milices populaires du programme socialo-communiste. Le RPR devra donc proposer une nouvelle loi sur le recrutement afin de fournir aux armées les effectifs dont elles ont besoin. Ces effectifs peuvent être réduits en tenant compte des armes atomiques stratégiques et tactiques dont la France dispose aujourd’hui.
Jean-Pierre Cressard,
dans un rapport aux fédérations du RPR
* Les jeunes Français de 18 à 25 ans n’ont plus la même idée de leur pays que leurs parents. Ainsi 56 % d’entre eux se disent prêts à mourir pour lui à condition qu’il défende une juste cause, 62 % de ces jeunes tiennent à l’indépendance nationale, 32 % estiment que cette indépendance est menacée par les pays arabes ; 24 % jugent qu’à cet égard, la menace vient des États-Unis et 10 % de l’Union soviétique.
Sondage Sofres publié par le Nouvel Observateur du 28 mai 1977
* Le 6 mai à Hambourg, MM. Yvon Bourges et Georg Leber, ministres français et ouest-allemand de la Défense, se sont prononcés en faveur du développement de la coopération entre les deux pays dans la production d’armements et principalement d’hélicoptères et de blindés. Les deux ministres se sont déclarés favorables à un projet de char, soit franco-allemand, soit produit en coopération avec les alliés. Si ce projet ne pouvait être réalisé, il conviendrait de porter l’effort sur la standardisation des pièces de rechange.
Agence France-Presse
* À la réunion de l’Otan à Londres, le président Jimmy Carter a précisé que les forces nucléaires tactiques en Europe seront maintenues tandis que les forces conventionnelles américaines seront « améliorées ». Une innovation : l’instruction donnée par le président américain à son secrétaire à la Défense de « chercher toutes les occasions d’acheter de l’équipement militaire européen si celui-ci conduit à un emploi plus efficace des ressources de l’Alliance atlantique ».
* L’Union soviétique doit savoir que nous avons la force et la volonté de dissuader toute agression et aussi suffisamment de confiance en nous-mêmes pour rechercher une véritable coopération.
James Callaghan,
Sommet de l’Otan le 10 mai 1977 à Londres
* Le mercredi 11 mai à Luxembourg, le Premier ministre, M. Gaston Thorn, a clairement affirmé qu’il n’était pas question pour l’Otan de se soustraire au leadership américain : « la puissance de l’Alliance est si différente d’un pays à l’autre qu’il existera toujours plus ou moins un leadership officiel de la part des États-Unis. L’important est que ce dernier ne soit pas imposé et que l’on s’achemine de plus en plus vers des consultations à double sens et vers la coopération. »
* Les risques de crise en Europe de l’Est, l’eurocommunisme ainsi que la « nouvelle menace militaire soviétique » ont été examinés par l’Assemblée de l’Atlantique Nord réunie en commissions à Bruxelles les 26, 27 et 28 mai. Les rapports sur ces questions seront présentés pour adoption à la session plénière qui se tiendra (pour la première fois depuis le retrait de la France de l’Otan) à Paris en septembre.
* Il est essentiel que nos amis et nos adversaires potentiels comprennent que notre pays est équipé pour sa défense, pour maintenir la paix sans belligérance ni menace mais avec une confiance tranquille.
Le président Carter après sa visite à la base de sous-marins nucléaires
à Los Angeles, le 27 mai 1977
* SALT : Après ses conversations avec M. Andreï Gromiko à Genève le 21 mai, le secrétaire d’État américain, Cyrus Vance, a précisé que l’accord s’était fait sur trois points :
– un traité SALT II allant jusqu’en 1985 ;
– un protocole couvrant les trois années qui viennent et qui constituerait une annexe au traité ;
– une déclaration de principe sur la façon de mener la phase suivante des négociations pour SALT III.
On estime que le protocole concernerait la question du cruise missile et du bombardier Backfire.
Agence France-Presse
* L’Union soviétique accorde une attention soutenue au renforcement de sa capacité de défense ainsi qu’à la consolidation de la coopération des armées des pays du Pacte de Varsovie.
Le maréchal Babadjanian,
des forces blindées soviétiques le 7 mai 1977
* Les États-Unis resteront en contact étroit avec le gouvernement japonais lors du retrait des troupes américaines de Corée du Sud. Ce retrait s’effectuerait en quatre ou cinq ans. Ces précisions ont été fournies à Tokyo par deux émissaires du président Carter le 28 mai.
* La Grèce pourrait participer aux grandes manœuvres de l’Otan en mer Égée, prévues pour l’automne prochain. Ce serait la première fois depuis le retrait de l’Otan des forces grecques, en 1974.
* En Israël un nouveau prototype d’avion pourrait succéder dans quatre ans au Kfir C2. Cet appareil aurait les lignes du F-16. Le gouvernement de Tel Aviv aurait préféré adopter ce dernier à condition d’en construire certains éléments mais l’opération n’a pas paru rentable.
La télévision israélienne, le 10 mai 1977
* La course à l’armement nucléaire que mène la Chine menace non seulement l’Union soviétique mais également la paix mondiale. Elle consacre 40 % de son budget à des dépenses militaires. La politique militariste de Mao a été reprise par ses successeurs.
La Pravda, le 14 mai 1977