Défense à travers la presse
La gauche médite sur la défense. Les états-majors s’affairent à convaincre les militants du bien-fondé des nouvelles prises de position à l’égard de la force de dissuasion. Mais l’approbation est loin d’être unanime. Si l’organisation monolithique du parti communiste ne laisse rien apparaître qui ressemble à des réticences, il n’en va pas de même au sein du Parti socialiste (PS) et de l’opposition en général. Le ton de l’évidence qui empreint l’énoncé des nouvelles orientations des signataires du programme commun n’emporte manifestement pas l’adhésion de tous. Certains vont même jusqu’à parler ouvertement d’une démission de la gauche.
Il ne nous appartient pas de trancher dans ce débat mais la lecture des différentes prises de position montre assez quelles tensions il provoque. Pour le parti communiste, c’est au nom du réalisme que s’est effectué son aggiornamento. Ses dirigeants ne se font pas faute d’insister sur cet aspect de la question et M. Georges Marchais rappelait dans une mise au point faite devant des journalistes (L’Humanité du 2 juin). « Tant que nous ne sommes pas dans un monde où existe le désarmement universel et contrôlé, nous avons le devoir d’assurer la sécurité de notre pays, de son territoire et de son peuple. Par conséquent la France doit disposer d’une défense nationale ».
Le temps est bien loin où Maurice Thorez, intervenant à la Chambre des députés le 15 mars 1935 (JO p. 1 038) affirmait « les communistes ne croient pas au mensonge de la défense nationale. Pas un jour de plus pour le service militaire, pas un sou de plus pour la guerre ». Il est vrai que l’actuel secrétaire général du Parti communiste (PC) pose également comme principe : « Les travailleurs sont pour la paix. D’ailleurs le parti communiste français est né de la lutte contre la guerre… C’est à partir de ces deux positions de principe que nous avons été amenés, dans la dernière période, à procéder à une analyse approfondie pour tenir compte des changements qui étaient intervenus depuis cinq ans. Le changement principal c’est qu’en raison de la politique suivie par le gouvernement qui a favorisé la force de frappe nucléaire, nous n’avons pratiquement plus d’armée conventionnelle… Dans ces conditions nous avons estimé que nous avions le devoir de prendre la décision qui s’imposait, c’est-à-dire permettre à notre pays d’avoir une défense réelle, une force de dissuasion réelle ».
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