Défense à travers la presse
Que pense l’École de guerre ? Cette question que, dit-on, le président Georges Pompidou posait souvent aux initiés, l’opinion est en droit de l’énoncer. Au cours de la campagne électorale que vient de traverser le pays il fut, certes, souvent question de défense mais combien de fois la démagogie n’a-t-elle pas pris le pas sur le sérieux de l’analyse ? Tout ayant été fait pour répondre aux vœux de chaque secteur de l’électorat, voici qu’on en revient à des exégèses plus spécifiques. Toutes ne sont pas le fait de spécialistes et certaines émanent d’esprits avertis soucieux d’informer leurs lecteurs de l’évolution des idées ou des techniques en la matière.
C’est ainsi que dans Le Figaro du 14 février, Alfred Fabre-Luce attire l’attention sur « une double révolution dans la pensée stratégique ». Il discerne tout d’abord un élargissement de l’horizon stratégique : « On nous a successivement parlé d’une guerre froide, d’une détente Est-Ouest, d’un nouveau polycentrisme. Aucune de ces expressions ne paraît tout à fait appropriée à la situation présente. On a plutôt l’impression de voir se succéder des tensions locales aggravées par l’action de puissances extérieures à la région. À la fin du processus apparaît un nouveau bipolarisme qui ne coïncide plus simplement avec l’ancien duopole russo-américain ».
Alfred Fabre-Luce fait alors référence aux conflits de l’Angola, du Sahara, de l’Ogaden… Puis il en vient au second élément : une tendance au renouvellement de la pensée militaire française, une tendance qui, note-t-il, apparaît à la fois au plus haut niveau de l’État et dans les réflexions de quelques stratèges. Cette évolution se caractérise principalement par l’abandon de « la théorie unitaire qui régnait naguère ». On ne miserait plus tout sur notre force de dissuasion nucléaire : « L’ancienne théorie de la défense nucléaire reposait, il est vrai, sur une prémisse énoncée dans une circulaire de 1968 et réitérée depuis par un de nos ministres de la Défense nationale, selon laquelle une bataille en Europe serait nécessairement perdue pour l’Occident. Mais l’apparition de techniques nouvelles met en question cette forme particulière de défaitisme. La bombe à neutrons et les armes de précision guidées sonnent le glas des chars, devenus trop dispendieux et trop vulnérables… un avantage certain pour la défense et (qui) rend même une signification à la notion de défense avancée ».
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