Revue des revues
• La revue Commentaires, dans son numéro de printemps 1981, donne un article de M. Richard Lowenthal intitulé « L’équilibre ébranlé. Risques de guerre, chances de paix ». Cet article fait partie d’un ensemble traitant des relations Est-Ouest, dans une optique de débat entre Occidentaux. La thèse, que l’auteur annonce d’emblée, est que la faiblesse de l’Occident n’a pas pour seule cause les illusions sur la détente, et que la préservation d’un certain équilibre des forces va de pair avec des négociations visant à contrôler les conflits.
Richard Lowenthal rappelle d’abord que le déclin des États-Unis a commencé parce qu’ils n’ont pas su reconnaître les limites d’emploi de leurs forces militaires au Vietnam. Nixon et Kissinger ont réparé les dommages ainsi causés en rétablissant un certain consensus interne et en retrouvant un minimum d’équilibre avec les pays communistes. La détente s’est appuyée sur les SALT I (Traité de limitation des armes stratégiques), les accords avec la Chine, le soutien de l’Ostpolitik qui a visé à supprimer une tension permanente en Europe. Le succès de cette détente a reposé simultanément sur le maintien d’un équilibre dans un conflit permanent et sur une volonté de négociation. La propagande a malheureusement laissé croire au peuple américain que la négociation Est-Ouest pouvait mettre fin au conflit lui-même.
Richard Lowenthal est persuadé que Nixon et Kissinger savaient que la nature même du monde contemporain ne pouvait permettre de résoudre les problèmes sans qu’il y ait un changement profond dans le système communiste. En fait, depuis 1973, l’équilibre mondial s’est considérablement modifié. La course aux armements stratégiques est restée purement qualitative, mais les armes nucléaires à moyenne portée des Soviétiques ont progressé en Europe, ainsi que la mobilité de leurs forces conventionnelles qui leur permet d’obtenir une supériorité temporaire dans les régions clés où il n’existe pas de présence occidentale. Ils ont étendu leur influence dans le Tiers-Monde grâce à leur force militaire, l’Occident étendant la sienne par des moyens pacifiques. Les nations industrielles ont subi des pertes importantes dans leurs économies du fait de la crise pétrolière. Il y a eu également des évolutions internes, l’inflation-récession de 1974-1975, l’impossibilité, pour l’administration Ford, de contrer l’action communiste en Angola et en Éthiopie, l’incapacité montrée par Carter pour retrouver un consensus sur sa politique étrangère, ce qui l’a empêché de résister à la pression soviétique, de soutenir ses alliés et d’appliquer les accords négociés avec les Soviétiques. Dans le même temps, alors qu’ils attendent la relève des générations, les dirigeants soviétiques se réfugient dans une arrogante autosuffisance.
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