La révision, actuellement en cours, de la quasi-totalité des accords de coopération est pour l'auteur l'occasion d'une réflexion sur la nécessaire évolution des buts et des modalités de cette coopération. Il limite ici son propos à quelques idées simples de nature à éclairer ces problèmes dont il a eu à connaître les réalités, ces dernières années, en tant que représentant de la France dans une jeune république d'Afrique.
Le grand tournant de la coopération franco-africaine
Que l’année 1972 ait été à beaucoup d’égards le grand tournant, plus exactement le début du grand tournant, dans les relations avec les pays francophones situés au sud du Sahara est une évidence qui ne sera contestée par personne.
Tournant, virage, et sans doute le néologisme bien connu « négocier un virage » n’aura-t-il jamais trouvé mieux à s’employer. Il s’agit en effet, par des conversations, de larges pourparlers portant sur l’ensemble de nos rapports, de trouver un modus vivendi nouveau avec un très grand nombre — ne nous leurrons pas — des nations qui forment ce que nous appelions, à juste titre, la Communauté, encore que cette dénomination, à dire vrai, n’ait pas recouvert l’ensemble des États entretenant avec nous des relations privilégiées. Or, au-delà des aspects purement politiques de telles opérations, se profile non pas un bouleversement mais un approfondissement, une remise à jour de notre effort de coopération, même de celui qui doit être entendu dans le sens le plus net et le plus précis, c’est-à-dire le groupement des opérations inscrites dans des programmes dont la responsabilité d’exécution incombe à des services administratifs.
Ne le déplorons pas : la finalité de toute entreprise de ce genre ne vise-t-elle pas en définitive à affranchir la collectivité bénéficiaire de la pérennité même de cette entreprise ? Au demeurant, il nous appartient de faire preuve d’imagination autant que de continuité pour mieux assortir notre apport aux données du moment. Faut-il noter au surplus qu’une évolution était considérée par tous non pas seulement comme possible mais encore comme nécessaire depuis des années déjà ?
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