Il paraissait normal, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que la France, à l'instar de la Grande-Bretagne, portât son effort de recherche sur la défense et les industries de pointe. Aujourd'hui, la lutte économique qui s'engage pour l'Europe face aux rivaux redoutables que sont les États-Unis et surtout le Japon n'impose-t-elle pas une meilleure coordination des efforts de recherche européens et leur rééquilibrage au profit de secteurs offrant à la Communauté les meilleures chances d'efficacité ?
Telle est la question capitale qui se trouve au centre de l'exposé que l'auteur a fait, en janvier dernier, à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) et dont l'article ci-dessous est extrait. Délégué général à la recherche scientifique et technique, l'auteur préside à Bruxelles le groupe « Politique de recherche scientifique et technique » (Prest) des Communautés européennes.
Avant de situer l’Europe dans la compétition scientifique internationale, il convient de nommer ses principaux compétiteurs. Il ne peut s’agir que de quelques grandes nations industrialisées, les États-Unis, le Japon et l’U.R.S.S., puisque la Chine, malgré ses 720 millions d’habitants et ses capacités de recherche scientifique non négligeables dans certains domaines, est encore une nouvelle venue dans la compétition internationale.
Toute comparaison pose le problème préalable de savoir ce que l’on compare : certains pays donnent le chiffre de leurs marchés de recherche hors taxe, alors que d’autres, comme la France, y comprennent la T.V.A., ce qui fait une différence non négligeable de 20 %. Par ailleurs, il est difficile et inefficace de comparer des chiffres quand les systèmes économiques, tel celui de l’U.R.S.S., sont trop différents. Mais surtout il ne suffit pas de comparer chiffres et pourcentages, il faut avant toute chose pouvoir déterminer quel est l’effort de recherche fait en moyenne dans tel pays pour tel chiffre déterminé.
L’unité de recherche de base
Il faut donc passer par une définition de l’« unité de recherche de base », c’est-à-dire évaluer le coût d’une personne employée dans la recherche, quelles que puissent y être ses fonctions, scientifiques, techniques ou administratives. Ce chiffre ne peut s’obtenir qu’en additionnant toutes les dépenses annuelles du groupe de recherche, incluant les dépenses d’« environnement du travail » et d’amortissement des équipements, puis en le divisant par le nombre de personnes employées. Une telle « unité » n’est bien sûr comparable qu’entre pays ayant des structures industrielles et des méthodes comptables voisines.
L’unité de recherche de base
Valeur moyenne des « unités de recherche de base » dans différents pays
La IIe guerre mondiale et ses effets sur la recherche
Les dépenses de recherche dans les pays de la Communauté
Le modèle japonais
La place de l’Europe
Qualité de la recherche
La coordination européenne
Le groupe PREST
Perspectives