Faits et dires
* La France s’est dotée depuis un quart de siècle d’une force de dissuasion nucléaire, défensive par nature face à tout agresseur éventuel. Cette force forme un tout et constitue pour mon pays un système de défense central indispensable à sa sécurité.
Président François Mitterrand, le 28 septembre 1983 devant l’ONU
* Mettre en balance le système central d’armement sur lequel reposent l’indépendance et la survie de mon pays et les forces nucléaires intermédiaires des deux plus grandes puissances, qui ne constituent pour elles qu’un complément à leur formidable arsenal stratégique, ne peut être accepté.
Président François Mitterrand, ibidem
* Les conditions d’une limitation durable des systèmes stratégiques : la première suppose que soit corrigée la différence fondamentale de nature et de quantité qui sépare l’armement des deux plus grands et des autres… La deuxième condition découle du considérable écart existant entre les forces classiques ou conventionnelles, particulièrement en Europe. Écart accru, je le crains, par l’existence d’armes chimiques et biologiques dont une convention devrait absolument interdire la fabrication et le stockage. La troisième condition exige que cesse la surenchère en matière d’armes antimissiles, anti-sous-marins et anti-satellites. Prévenir les peuples contre les menaces provenant de l’espace est un autre impératif.
Président François Mitterrand, ibidem
* La solidarité est la forme supérieure de la sécurité… Le dérèglement du système économique international renforce le besoin de sécurité et alimente du même coup la course aux armements, laquelle relance à son tour le déséquilibre… À quoi bon dépenser plus pour moins de sécurité, tant militaire qu’économique, voilà l’interrogation fondamentale à laquelle personne n’échappe.
Président François Mitterrand, ibidem
* Nous sommes décidés à n’épargner aucun effort pour parvenir à un accord sain, équitable et vérifiable (sur les euromissiles). Concrètement, les États-Unis ont proposé une nouvelle initiative sur des limites globales. Si l’URSS est d’accord pour des réductions et des limites sur une base globale, les États-Unis ne compenseront pas entièrement le déploiement global soviétique en missiles par des déploiements américains en Europe… Les États-Unis examineront les moyens mutuellement acceptables de prendre en compte le désir soviétique de voir un accord limiter les avions tout comme les missiles… Nous sommes prêts à réduire le nombre des fusées Pershing II tout comme celui des missiles de croisière basés à terre.
Ronald Reagan, le 26 septembre 1983 devant l’ONU
* Il émane de la nouvelle initiative du président Reagan une odeur qui ressemble fortement à celle de l’ancienne et odieuse option zéro qui est notoirement inacceptable pour l’URSS.
Agence Tass, le 24 septembre 1983, le discours du président Reagan ayant été l’objet d’indiscrétions
* L’orientation suivie par l’administration américaine dans les affaires internationales est une politique militariste qui fait courir un grave danger à la paix. Elle vise à assurer aux États-Unis une position dominante dans le monde sans tenir compte des intérêts des autres États… Les Soviétiques peuvent être convaincus que la défense de leur pays est à un niveau tel que nous ne conseillerions à personne de tenter une épreuve de force.
Youri Andropov, le 28 septembre 1983
* Nous jugeons absolument nécessaire de comptabiliser les moyens nucléaires britanniques et français dans la quantité totale des systèmes nucléaires à moyenne portée des pays de l’Otan.
M. Kornienko, vice-ministre des Affaires étrangères, le 14 septembre 1983
* Les forces nucléaires britanniques et françaises devront être prises en considération dans l’une des deux négociations sur les armements (INF ou START) à un moment ou à un autre si l’on veut un accord global offrant des réductions substantielles des armements nucléaires. Les États-Unis ne peuvent pas négocier pour ces pays et n’ont pas l’intention de dicter leur conduite, mais il faudra trouver une réponse au problème des missiles français et britanniques si le but idéal de réductions nucléaires doit un jour être atteint.
Vice-président George Bush, le 28 septembre 1983 à des journalistes américains
* George Bush faisait allusion à des négociations possibles dans l’avenir. Il a affirmé que toute participation française ou britannique serait soumise aux conditions souhaitées par la France et le Royaume-Uni.
Département d’État, le 30 septembre 1983, mise au point diffusée à Paris par l’ambassadeur M. Galbraith
* Le 6 septembre le parlement néerlandais a adopté une résolution souhaitant que les forces nucléaires françaises et britanniques soient prises en compte dans les discussions sur la réduction des euromissiles.
* Certains s’obstinent à vouloir établir un lien artificiel entre le nombre de SS-20 déployés en Europe et les forces stratégiques britanniques et françaises. Cela revient à vouloir comparer ce qui n’est pas comparable, en délimitant artificiellement un espace nucléaire européen qui ne correspond à aucune réalité stratégique.
M. Pierre Mauroy, le 1er octobre 1983,
à l’assemblée de l’Union française des associations de combattants (UFAC)
* La France est favorable à un équilibre des forces au niveau le plus bas.
Porte-parole du Quai d’Orsay, le 27 septembre 1983
* Suggérer que nos forces nucléaires soient incluses dans les négociations de Genève, c’est s’écarter de la question principale et embrouiller complètement les négociations sur les missiles intermédiaires. Les fusées Polaris sont des armes stratégiques de dernier recours et n’ont rien à voir avec la négociation actuelle de Genève qui porte sur les missiles intermédiaires.
Mme Thatcher, le 29 septembre 1983 à CBS
* II n’y a guère à attendre de l’Union soviétique aux négociations de Genève sur les euromissiles : il serait naïf de croire que les Soviétiques négocieront la disparition des SS-20, les armes mêmes qui sont la clé de toute leur stratégie de domination de l’Europe par voie d’intimidation. Leur objectif est d’empêcher les déploiements de l’Otan et non de parvenir à un accord satisfaisant pour les 2 parties.
M. Evan Galbraith, ambassadeur des États-Unis à Paris, dans La Croix du 23 août 1983
* Les résultats que nous enregistrons à Madrid sont heureux : ils ouvrent la voie à d’autres progrès mais ils sont limités. L’accroissement constant du potentiel militaire d’un État qui, surestimant ses intérêts de sécurité et minimisant ceux de ses partenaires, a fait apparaître un dangereux déséquilibre en Europe.
M. Claude Cheysson, le 8 septembre 1983, à la Conférence de Madrid
* L’assemblée du Conseil œcuménique des Églises, réunie à Vancouver, dans son rapport « Justice, paix et militarisme », nie toute légitimité aux armes nucléaires et demande le non-déploiement des Pershing II et des missiles de croisière ainsi que des réductions importantes des missiles soviétiques à moyenne portée, y compris les SS-20.
Le Monde du 12 août 1983