Faits et dires
* Seul l’équilibre est la garantie de la paix. Je suis aussi contre les euromissiles, seulement je constate des choses tout à fait simples dans le débat actuel : le pacifisme, il est à l’Ouest et les euromissiles, ils sont à l’Est. Je pense qu’il s’agit là d’un rapport inégal.
Président François Mitterrand, 13 octobre 1983 à Bruxelles
* La France appartient au monde qui refuse les euromissiles mais elle n’entend pas geler en un moment arbitrairement choisi et alors que l’équilibre par le bas ne serait pas atteint.
Président Mitterrand, 14 octobre 1983 à Liège
* Tout le monde semble disposer bien facilement de l’armement nucléaire français. Dès lors que les 2 grandes puissances n’ont pas mis le leur sur la table des négociations, pourquoi y mettrions-nous le nôtre ?… La France n’a pas à faire don de sa sécurité à 2 grands pays qui n’ont pas fait grand-chose pour l’assurer eux-mêmes.
Président François Mitterrand, ibidem
* Il est très important que M. Andropov sache : que la France n’accepte pas le décompte de ses armements nucléaires, qui ne sont pas intermédiaires, dans le calcul de l’équilibre. Que l’armement auquel la France a lié sa sécurité ne peut pas dépendre de puissances étrangères, ni russe, ni américaine. Cela étant admis, il est très important que M. Andropov sache que la France n’est pas son ennemie.
Président François Mitterrand, 21 octobre 1983 à Londres
* Je dis qu’un pays est grand par sa force d’âme, par sa résolution comme par les amitiés et le respect qu’il mérite. C’est pourquoi au Liban la France reste et restera fidèle à son histoire et à ses engagements. En défendant, là comme ailleurs ces principes d’indépendance nationale et d’équilibre des forces dans le monde, la France ne défend pas autre chose que la paix.
Président François Mitterrand, 24 octobre 1983, de retour de Beyrouth
* Le plus important des principes, c’est l’intégrité d’un territoire et donc l’exercice de la souveraineté des autorités légitimes et donc l’indépendance du peuple qui vit sur ce territoire… Lorsqu’un État se trouve atteint dans son intégrité, c’est au sein du peuple de cet État que se trouve la réponse.
Président François Mitterrand, 3 octobre 1983 au sommet franco-africain de Vittel
* Il n’est pas question que la force nucléaire française puisse être prise en compte lorsqu’on examine ce qui menace nos voisins que nous ne sommes pas chargés de défendre et de protéger par notre force nucléaire.
M. Claude Cheysson, 19 octobre 1983, à l’Assemblée nationale
* Le 4 octobre le président Ronald Reagan a proposé à l’Union soviétique une nouvelle formule pour la limitation des armements stratégiques : il s’agit du builddown, principe qui consisterait à démanteler 2 engins de type ancien chaque fois qu’une nouvelle fusée serait implantée. Cette proposition concerne aussi bien les missiles intercontinentaux que les bombardiers stratégiques. Pour M. Andropov cette suggestion n’est qu’une « supercherie ». La Pravda la considère comme un camouflage car Washington « se réserve le droit de déployer en Europe et en Asie autant de missiles à moyenne portée que l’URSS en a sur son propre territoire ».
* L’Union soviétique est prête à ne pas avoir en Europe un seul missile, un seul avion, une seule charge nucléaire de plus que les pays de l’Otan… L’URSS propose un gel concomitant des armements nucléaires sur les plans quantitatif et qualitatif par toutes les puissances nucléaires.
M. Troyanovsky, délégué soviétique à l’ONU, le 4 octobre 1983
* Les pays du Pacte de Varsovie ne resteront pas les bras croisés si une nouvelle arme nucléaire américaine fait son apparition en République fédérale d’Allemagne (RFA) et ils feront tout ce qu’exige la nouvelle situation pour garantir leur capacité défensive.
M. Andreï Gromyko, communiqué soviéto-est-allemand, le 19 octobre 1983
* Partout où des divisions soviétiques sont stationnées hors d’URSS, les batteries de fusées dont elles disposent sont dotées d’armes atomiques tactiques d’une portée allant jusqu’à 100 km.
Général Tchervov au magazine Stem, le 18 octobre 1983
* Le 27 octobre, dans la Pravda, M. Andropov a formulé ce qu’il a appelé les « ultimes propositions » de l’Union soviétique concernant les euromissiles. Elles comportent 5 points :
1) L’URSS est disposée à n’avoir que 140 missiles SS-20 en Europe, assurant ainsi l’égalité en nombre de charges avec la France et la Grande-Bretagne.
2) En cas d’accord à Genève, l’Union soviétique s’engage à arrêter le déploiement des SS-20 dans la partie occidentale de son territoire.
3) Retrait de tous les missiles SS-5 installés depuis 20 ans dans la zone européenne de l’URSS.
4) L’URSS est prête à établir avec l’Otan des niveaux égaux pour les avions à moyen rayon d’action porteurs de missiles.
5) L’Union soviétique commencerait le retrait de ses missiles SS-4 pour le terminer en 1985 si Washington renonce au déploiement des euromissiles comme prévu.
La volonté soviétique d’établir une parité avec les arsenaux nucléaires français et britannique a conduit les États-Unis à rejeter cette offre. À Moscou, on a alors parlé de « surdité américaine ».
* La Chine populaire est particulièrement intéressée au démantèlement des missiles nucléaires déjà déployées en Asie, ainsi qu’à la prévention d’un possible déploiement à l’avenir de tels missiles dans cette partie du monde. En outre la Chine espère que l’Union soviétique réduira ses troupes le long de la frontière sino-soviétique.
Porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, le 5 octobre 1983