Défense à travers la presse
Nous laisserons délibérément de côté les scénarios de guerre nucléaire dont la télévision et les magazines se sont montrés friands au cours de ces dernières semaines. Est-il bien sage et bien sain de jouer ainsi avec les nerfs de l’opinion ? N’est-ce pas proprement l’égarer ou, à tout le moins, la rendre moins réceptive à des propos plus sensés ? Certes, il ne s’agit pas d’endormir le pays dans l’ignorance des menaces ou des dangers existants mais le recours à de tels procédés nous apparaît bien moins comme une manière d’informer qu’une perversion de l’esprit. Fort heureusement l’actualité nous a offert d’autres sujets de réflexion, à commencer par la très nette déclaration de l’épiscopat français intitulée « gagner la paix ».
Sous le titre « dépasser la dissuasion » La Croix, du 10 novembre 1983, cherche à moduler son commentaire en fonction du document qui, reconnaît-elle, prend position en faveur de la dissuasion nucléaire :
« Cependant, on ne peut dire sans plus que les évêques français approuvent la dissuasion nucléaire. Si, en effet, ils reconnaissent à tout pays le droit de légitime défense, ils n’en assortissent pas moins la dissuasion nucléaire de restrictions qui empêchent de la considérer comme satisfaisante du point de vue stratégique et moral : la dissuasion apparaît comme une situation de détresse éminemment provisoire, écrivent-ils. Même si la dissuasion peut être admise comme une attitude défensive, moralement acceptable dans la mesure où elle n’est pas utilisée, il faut reconnaître cependant que la logique de la dissuasion, du fait du perfectionnement constant des armements, conduit implacablement l’humanité à un surarmement démentiel qui aggrave chaque jour la menace d’un suicide collectif… La dissuasion est un moindre mal dont il est immoral de faire un bien, surtout quand elle est comme celle de la France dirigée contre les cités ».
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