Afrique - Sénégambie : unification administrative nécessaire ? - L'Afrique du Sud s'engage dans une politique de bon voisinage avec l'Angola et le Mozambique
Les troubles, survenus en Casamance (région du Sud du Sénégal) en décembre 1983, ne sont pas une conséquence de l’installation du pluripartisme au Sénégal ; ils ne semblent pas non plus destinés à déstabiliser le gouvernement de Dakar. On considère, en général, qu’ils sont causés par une réaction de l’ethnie Diola à la pénétration, lente mais constante, de populations Ouolofs ou Toucouleurs dans un territoire qu’elle estime lui appartenir. Des familles de ces peuples, chassées de leurs terres traditionnelles par la sécheresse, y détruisent la forêt pour cultiver l’arachide, provoquant ainsi, selon les autochtones, un changement des conditions climatiques. On leur reproche aussi de vouloir imposer leur religion et leurs coutumes, bref de chercher à « sénégaliser » une région en majorité animo-chrétienne, région qui ne fut rattachée au Sénégal que par la volonté de 2 puissances coloniales : la France et le Portugal, en 1866, se souciaient fort peu d’obtenir le consentement de la population à un transfert de souveraineté.
Pendant quelque 60 années, les Diolas résistèrent à l’administration française qui ne put guère s’imposer à leur pays avant 1920. En général, ils refusaient passivement d’obéir aux ordres du colonisateur, mais on connut des cas d’opposition armée, par exemple, en 1906, celle de Dignabo dont le lycée de Ziguinchor perpétue le souvenir. Pendant la guerre de 1914, les Diolas freinèrent le recrutement et les réquisitions. Il en alla de même durant la Seconde Guerre mondiale : la déportation au Soudan d’Ansitoe (jeune femme de Kabrous appelée parfois Alin Sitoe) en fut la conséquence.
Avec la naissance des partis politiques africains, les Diolas refusèrent longtemps de s’associer à la vie des mouvements sénégalais, quelle qu’en fût la tendance. Ils aspiraient à l’autonomie tout en comprenant l’intérêt que présentait l’intégration de leur région à l’ensemble économique du Sénégal, la basse Casamance étant considérée comme le grenier de ce pays auquel elle fournissait en moyenne 27 % de son maïs, 58 % de son riz mais aussi 70 % de son coton. Avec la sécheresse de la zone sahélienne du Sénégal, ces proportions ont encore augmenté. La richesse relative des Diolas aurait justifié un effort d’équipement de la part du gouvernement. Il n’en fut rien, du moins pendant les premières années de l’indépendance, Dakar s’intéressant en priorité, pour des raisons de politique étrangère, à la vallée du Sénégal. Placé dans une même région administrative que Kaolack, sans doute afin de constituer un barrage unifié contre le « drainage » des productions locales par la Gambie, la basse Casamance dut supporter les effets négatifs de son enclavement. Que l’on traversât la Gambie ou qu’on la contournât, le voyage vers le chef-lieu était interminable. Depuis le rapprochement sénégalo-gambien, qui a permis de régulariser en partie les relations économiques entre les deux pays, la situation s’est améliorée : il existe, avec un pont à Ziguinchor, 2 routes goudronnées, l’une traversant la Gambie, l’autre reliant Ziguinchor à Kaolack par Tambacounda : par ailleurs, des travaux destinés à dessaler les sols ont agrandi les zones cultivables, à proximité de la mer.
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