Institutions internationales - À Luxembourg : l'Europe des capitaux - À Toronto : remise de dettes au Tiers-Monde - L'avenir de l'Union de l'Europe occidentale (UEO)
À Luxembourg : l’Europe des capitaux
Les pays de la Communauté européenne sont obnubilés par l’échéance du 31 décembre 1992. L’Acte unique ayant décidé de la création d’un grand marché européen, il convient de s’y préparer. Or, il semble bien qu’on s’y prépare assez mal. Le bon sens aurait voulu que l’on commençât par uniformiser les législations ; au lieu de cela, les ministres des « Douze » ont approuvé, le 13 juin, un accord sur la libre circulation des capitaux dès 1990 dans huit des pays de la CEE. En effet certains, comme la Grande-Bretagne, ne font pas partie du SME, cette gare régulatrice des réseaux financiers, ou doivent encore s’y adapter.
Les experts se montrent satisfaits de la création de ce qu’ils appellent « un espace financier sans frontières ». Croient-ils que les partenaires, dont chacun a des intérêts vitaux, ne se replieront pas sur eux-mêmes si souffle jamais la tempête ? Quoi qu’il en soit, on abuse inconsidérément des abstractions, sous le manteau d’études prospectives ou par référence à des valeurs n’ayant rien à voir avec le sujet. Ainsi, M. Jacques Delors, Président de la Commission européenne, n’a-t-il pas reculé, après cet accord de Luxembourg, à énoncer cet aphorisme qui aurait fait maugréer son maître Marc Sangnier : « La monnaie, l’argent, parlent à l’imaginaire ». Encore faudrait-il que les gens crédules ou les États démunis ne deviennent pas des victimes de cet imaginaire. Au lieu d’enserrer le capitalisme dans des institutions qu’il ne puisse acquérir ou compromettre, voici qu’il est présenté comme l’agent de vertus qui lui sont étrangères.
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