Défense en France - Le renseignement du champ de bataille
« Le bon général sait tout d’avance, estimait Sun Zi, celui qui connaît son ennemi… mènera cent combats sans risques ». « Si l’ost [Armée, du latin hostis (ennemi)] savait… » s’inquiétait le chevalier féodal, auquel faisait écho Wellington, avide de savoir « ce qui se passe derrière la colline ». Souci premier des chefs de guerre, cette connaissance a pris de nos jours une importance accrue en raison de l’étendue des théâtres d’opérations éventuels et de la diversité et de la complexité des systèmes d’armes. Sur le champ de bataille aéroterrestre, le renseignement dans la profondeur est essentiel pour évaluer les possibilités de l’ennemi et pour neutraliser ses moyens de frappe et ses deuxièmes échelons. Chaque niveau de commandement, de la 1re armée-Fatac (Force aérienne tactique) à la division, dispose ainsi de moyens de recherche qui lui permettent d’acquérir le renseignement dans sa Zone de responsabilité de renseignement (ZRR ou zone d’influence en terminologie alliée), et attend des niveaux supérieurs et voisins l’évaluation de son ennemi futur dans une Zone d’intérêt du renseignement (ZIR) plus vaste. La profondeur des ZRR dépend en fait des capacités d’investigation de chaque échelon ; pour une division, elle peut aller de 20 à 70 kilomètres au-delà de la ligne avant des forces amies. La ZIR d’une division en revanche s’étend à 100 ou 150 kilomètres.
La technologie moderne a permis de progresser dans le domaine de la recherche du renseignement, de son analyse et de sa diffusion, au point de laisser croire que des « gadgets » performants étaient capables de tout voir, de tout comprendre, et de réagir sans délai (1). En réalité, et avant plusieurs années, il n’existera pas de systèmes de surveillance du champ de bataille et de traitement des informations qui procurent une connaissance complète de l’ennemi. La tâche noble de l’évaluation du renseignement requiert la mise en œuvre judicieuse de moyens complémentaires, rustiques et sophistiqués, et l’intelligence de l’exploitant (2).
Les moyens de recherche classiques, par observation humaine et photographie aérienne, sont complétés par des systèmes électroniques qui utilisent tout le spectre des ondes électromagnétiques. Les capacités des uns et des autres dépendent à la fois de leurs performances techniques et de leur vulnérabilité face aux réactions ennemies.
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