Revue des revues
• La Stratégie Review, organe de l’United States Strategic Institute, publie dans son numéro d’été 1988 deux articles sur l’évolution de la doctrine militaire soviétique. Ces deux analyses sont fort différentes et méritent d’être comparées. La revue française Stratégique vient de publier une étude sur le même sujet (1).
1. Une « nouvelle » doctrine militaire soviétique : origines et implications, par Phillip Petersen et Notra Trulock III. Ces deux spécialistes des affaires soviétiques, dont l’un appartient au département de la Défense et l’autre à la Pacific-Sierra Research Corporation, étudient une déclaration de mai 1987 et d’autres qui ont suivi. Pour eux, les Soviétiques peuvent actuellement faire face à toutes les formes de guerre possibles. Ils cherchent aussi à s’adapter aux évolutions que leur montre la « science militaire ». Ils sont inquiets sur des problèmes internes et sur la course technologique avec l’Occident. Les deux côtés sont dans une phase de transition. Les analystes soviétiques distinguent quatre tendances : le développement et la modernisation des armes nucléaires, le développement de l’électronique, la modernisation des armements classiques, l’apparition de nouvelles armes utilisant de « nouveaux principes physiques ». Les grands bénéficiaires seront les armes classiques. Les arrières de l’ennemi seront de plus en plus soumis à des actions en profondeur pouvant dépasser les limites du théâtre d’opérations, la puissance de destruction des armes classiques pouvant atteindre celle des armes nucléaires. Les techniques mises au point pour l’Initiative de défense stratégique (IDS) seront transposables sur le plan tactique.
Les deux auteurs pensent que, pour les Soviétiques, la guerre peut rester purement conventionnelle, sans que l’utilisation sélective d’armes nucléaires soit exclue pour riposter à l’Otan et pour accentuer la division entre les Alliés. Le risque d’escalade reste considérable et le contrôle politique de l’emploi des armes nucléaires a été renforcé. Ils s’attendent à une guerre mondiale prolongée. Même la guerre nucléaire pourrait durer. L’avènement des armes guidées avec précision est à l’avantage du défenseur qui peut frapper partout et prendre l’initiative, voire agir de manière préemptive. Il faut donc-un équilibre entre offensive et défensive, pour pouvoir tenir compte des circonstances.
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