Institutions internationales - Une affaire malsaine : Salman Rushdie - Une négociation difficile : Lomé IV
Une affaire malsaine : Salman Rushdie
Parce qu’un écrivain a jugé bon, dans un livre qu’on dit fort ennuyeux, de dire raca à la religion dans laquelle il a été élevé, voici l’ayatollah Khomeyni cédant au plaisir d’écouter en soi le choc d’une insulte et fulminant d’habituelles menaces. Comme ce prosateur appartient à la communauté européenne, celle-ci s’est aussitôt dressée contre pareille atteinte aux droits de l’Homme. On n’avait pas vu cela en septembre 1981 lorsque l’ambassadeur Louis Delamare fut assassiné à Beyrouth. C’est que dans notre monde agnostique les écrivains sont devenus des mages.
Les Versets sataniques de Salman Rushdie confinent sans doute au blasphème, cette émanation de nerfs noués sur la haine. Les excuses formulées ensuite par l’auteur dénotent d’ailleurs le caractère inconsidéré de sa démarche intellectuelle. De ce fait, il ne peut être comparé ni à Chénier ni à Garcia Lorca et nous ne lui souhaitons nullement leur sort, mais l’émoi qu’il a su provoquer de toutes parts n’est-il pas démesuré ? Pour l’être nommément, est-il plus directement menacé que certains ambassadeurs ou que les otages toujours aux mains des groupuscules chiites au Liban ? Le voici, en tout cas, mieux protégé.
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