Afrique - Afrique australe : les « petits pas » s'allongent… mais vers quoi ? - L'union du Maghreb arabe
Afrique australe : les « petits pas » s’allongent… Mais vers quoi ?
Pour devenir satisfaisante, il est indispensable que la situation en Afrique australe puisse évoluer simultanément sur plusieurs plans. Une avancée trop rapide, un retard ou une régression survenus sur l’un d’eux provoquerait sans doute la remise en cause des progrès acquis sur tous les autres. Ces plans sont les suivants : libération de l’Angola, indépendance de la Namibie, évolution du comportement des communautés sud-africaines et celle de leur statut, pacification des confins de l’Afrique du Sud avec le Zimbabwe et le Mozambique. L’évolution sur tous ces plans est du ressort des États qui composent la région, mais l’attitude de ceux-ci dépend aussi, pour une large part, de l’état des relations américano-soviétiques et de l’intensité de l’intérêt que portent aux problèmes de l’Afrique australe les autres pays du continent, ceux qui ne sont pas directement mêlés à leur solution. Des progrès simultanés ont été obtenus dans ces domaines, grâce aux négociations dirigées par Washington, suivies avec attention par Moscou mais où les puissances européennes n’ont joué qu’un rôle secondaire. Ces succès ont été rendus possibles parce que Pretoria a été reconnu comme pouvant être un partenaire à part entière par les pays africains ; mais cette reconnaissance n’aurait pas pu se produire si le Président Pieter Willem Botha n’avait pas fait la preuve de sa volonté de transformer les mœurs et les structures de son pays. Il n’en reste pas moins vrai que, pour la première fois, des pays africains de toutes tendances ont admis que le réformisme peut étaler dans le temps la mutation constitutionnelle de l’Afrique du Sud et qu’en revanche les propositions excessives ou la violence ne sauraient aboutir qu’à une impasse, ce qui entraînerait la misère des pays impliqués dans une extension de la crise.
Le 22 décembre 1988, les ministres des Affaires étrangères de Cuba, d’Angola et d’Afrique du Sud ont signé, au siège de l’ONU, les deux traités assurant le départ d’Angola des forces cubaines et l’accession de la Namibie à l’indépendance, opérations dont le terme est prévu pour les premiers mois de 1990. Les incidents survenus au cours de la cérémonie, qui s’est déroulée sous la présidence du secrétaire d’État américain George P. Shultz et en présence du vice-ministre des Affaires étrangères d’URSS, et les propos qui y furent tenus inspirent quatre réflexions : Cuba n’aurait pas accepté de retirer ses troupes sans une forte pression soviétique ; Moscou aurait pu être incité à faire cesser l’intervention cubaine en constatant que les États africains étaient de plus en plus nombreux à condamner cette intervention ; Luanda paraît considérer comme essentielle la normalisation de ses relations avec les États-Unis ; Pretoria poursuit des variations sur le thème de son « africanité ».
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