Afrique - Maghreb : les obstacles - Nouveaux aspects de la diplomatie libyenne
Maghreb : les obstacles
Les difficultés de gestion que connaissent les gouvernements du Maghreb du fait de la crise économique dont on imagine mal, dans le Tiers-Monde, qu’elle puisse avoir une fin, l’échec de l’expérience socialiste partout où elle fut tentée, la crainte, pour certains, que le développement du libéralisme en matière économique n’échappe au contrôle des dirigeants politiques et leur enlève la maîtrise du choix de leurs alliances, la peur que la démocratisation conduise à l’effondrement là où des partis uniques ont tenu le pouvoir pendant trop longtemps, le renouveau de spiritualité que les excès de la poussée matérialiste et l’évolution trop rapide des mœurs ont fait naître, toutes ces causes diffuses et non contrôlées n’incitent guère les pouvoirs en place à trouver, en se concertant, des parades aux périls plus graves qui les menacent.
Sans qu’ils s’en doutent, ils sont devenus concurrents par la force des choses. La colonisation avait voulu doter les territoires de cadres délimités et de personnalités différentes : colonie de peuplement pour l’Algérie et même pour la Libye, avec tendance à l’intégration des populations autochtones dans celles de la métropole ; protectorat ayant vocation à l’autonomie administrative avec maintien de la dépendance économique pour la Tunisie et le Maroc. La décolonisation, en vingt ou trente ans, n’a fait qu’accentuer ces différences, chaque pouvoir éprouvant le souci légitime de se donner une raison de contenir les courants centrifuges de sa Nation, et ne pouvant le faire qu’en renforçant les traits spécifiques de la personnalité nationale. L’enseignement, la presse, les associations ayant accompli leur mission éducative, désormais un accord des dirigeants recevra seulement un plein consensus si les populations sentent que l’avenir qu’on leur prépare ne détruit pas l’image qu’elles se font d’elles-même et surtout qu’il ne les conduit pas à l’abandon des avantages particuliers qu’elles estiment avoir acquis depuis l’indépendance de leur pays, avantages qui consacrent l’impression de supériorité qu’elles éprouvent à l’égard des populations d’autres États.
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