Défense en France - Le forum de l'École supérieure de guerre sur la sécurité en Europe - Le nombre des militaires du rang professionnels
En conduisant à bien, les 10 et 11 avril 1991, le grandiose forum consacré à la sécurité de l’Europe, les officiers stagiaires de la 103e promotion de l’ESG ont fait la preuve d’un sens de l’organisation, d’un travail d’équipe, d’une ouverture d’esprit et d’un souci de la communication qui ont fait l’admiration de tous les participants. Dix-sept Écoles de guerre étrangères étaient au rendez-vous. On attendait 1 300 auditeurs, il y en eut mille de plus, dont 400 étrangers et 250 journalistes, pour écouter 150 intervenants traduits en simultané par 50 interprètes. Les horaires prévus furent strictement respectés, et le débat final a réalisé un dialogue en multiplex avec Moscou et Washington, où le maréchal Akhromeiev et le général Scowcroft, conseillers militaires des présidents soviétique et américain, répondaient en direct aux personnalités réunies en table ronde à Paris. Hors programme, des messages de Jean-Paul II et du président Abdou Diouf apportèrent leur encouragement aux auditeurs et le soutien de leur autorité aux exposés des représentants de l’Église et de l’Afrique.
La première impression qui se dégage des débats est celle de leur richesse foisonnante et de leur diversité. Les problèmes de la sécurité européenne, dans les domaines de la géopolitique et des relations internationales, de l’économie et de la technologie des moyens, de la gestion des hommes et de leur motivation, ont été passés en revue, dans six commissions spécialisées, par des experts de nationalités et de formations différentes. Tout a été dit, et pour un observateur superficiel, le forum de l’ESG a révélé les contradictions opposant les interlocuteurs les uns aux autres sur des sujets divers : les menaces à l’est et au sud, l’éclatement de l’empire soviétique, la pérennité de l’Otan et l’élargissement de l’Europe unie, le lien entre défense nationale et sécurité collective, les valeurs européennes, l’influence des médias, l’islamisme porteur ou négateur de démocratie, etc. Sur tous ces thèmes, les positions antinomiques et les interrogations soulignent la nécessité des échanges et du dialogue, entre les systèmes de défense et les nations sans doute, mais aussi à l’intérieur des États, entre les concepteurs et les exécutants, politiques, militaires, industriels, enseignants, journalistes. Il est à remarquer que sur les sujets de discorde, les clivages ne suivent pas les frontières étatiques ; ainsi a-t-on vu des Soviétiques souhaiter le maintien de l’Otan, alors que des Européens réclamaient sa disparition.
L’existence de points de vue divergents n’implique pas l’impossibilité de résoudre les difficiles problèmes de la sécurité de l’Europe. L’expérience des deux dernières années montre au contraire que la défense des nations et la sécurité européenne se construisent tous les jours, et qu’il convient de dépasser les contradictions pour rechercher les idées-forces, qui dans les débats et dans les commissions du forum se sont exprimées majoritairement. Cette analyse à chaud, forcément incomplète, devra être affinée et développée lorsque seront publiés les actes du forum.
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