Réflexion sur la prise d'otages de l’ambassade de France à La Haye par l'Armée rouge japonaise du 13 au 17 septembre 1974 et sur la dissuasion nucléaire.
Métastratégie
Les événements de La Haye sont assez loin pour devenir un objet de pensée, assez rapprochés aussi pour que cette pensée soit encore vivante. Nous nous souvenons de ce suspens d’inquiétude où nous avons vécu à Paris pendant que la vie de notre ambassadeur et de ses amis était menacée. Et nous ne pouvons pas oublier notre capitulation, seul moyen de sauver les vies des otages.
Je voudrais, comme dit Corneille, « considérer plus » et apporter quelques compléments à une étude écrite ici même en novembre 1972 (1), et où je me trouvais décrire par avance ce drame assez prophétique.
Pour me permettre d’exposer par ordre mes pensées, qu’il me soit permis de résumer l’idée directrice qui avait inspiré mon livre sur la Pensée et la guerre (2) dans le chapitre consacré à la Dissuasion. J’avais été guidé par une intuition célèbre de Pascal sur la relation du fini et de l’infini. Elle sous-tend son œuvre entière, en particulier ses découvertes mathématiques qui devaient fonder avant Leihniz et Newton le calcul infinitésimal. Pascal pensait que lorsque l’infini entre dans un calcul, « le fini s’anéantit ». Et c’est pour cela qu’il accordait force à son argument fameux du « pari » et qui consistait à dire : « même s’il y a peu de chance que l’infini soit, s’il y a « l’infini à gagner », vous devez parier et sacrifier le fini, car en perdant vous ne perdez rien, et en gagnant vous gagnez tout ».
Il reste 80 % de l'article à lire