Veille scientifique et technologique - Les grands projets de coopération Europe–États-Unis
L’agressivité sans précédent dont font preuve les États-Unis dans le domaine des exportations industrielles, en particulier dans le secteur de l’armement, laisse cependant la place à de nombreux projets aérospatiaux de grande envergure appelant une coopération mondiale : avions gros-porteurs, appareil supersonique de deuxième génération et station spatiale internationale. Cette volonté de coopération américaine peut sembler à première vue étonnante, quand on sait que le domaine aérospatial est la deuxième industrie exportatrice du pays et domine largement la scène mondiale ; mais les enjeux de telles coopérations sont plus importants qu’il n’y paraît.
Aéronautique civile : de nombreux projets mais peu d’engagements
En ce qui concerne le supersonique futur, l’enjeu est de taille pour les Européens : il s’agit de savoir s’ils peuvent avoir une place dans un projet que les Américains sont prêts à réaliser seuls, comme en témoignent les importants crédits de recherche que débloque la NASA (1,5 milliard de dollars d’ici à 1999) au profit du HSRP (High Speed Research Program) regroupant Boeing, Lockheed, Northrop, Rockwell et Mac-Donnell Douglas, ainsi que les motoristes General Electric et Pratt & Whitney. Avec un effort de recherche de 15 millions, les Européens risquent fort de se voir évincés de la maîtrise d’œuvre du projet : les constructeurs du Concorde en seraient réduits à n’être au mieux que de simples sous-traitants, si les Américains ne se tournent pas purement et simplement du côté des Japonais qui vont investir cette année 56 millions de dollars.
Les Européens, en particulier les Français, les Britanniques et les Allemands, ont bien des projets d’avion supersonique qu’ils vont tenter d’unifier au sein du groupement PERS (Programme européen de recherche supersonique). Cependant, les budgets sont à l’étiage et un effort important est encore nécessaire du côté européen pour atteindre un niveau de crédibilité qui permettra d’obtenir une répartition équilibrée des tâches stratégiques lors des négociations qui précéderont la décision de lancement du programme. Si l’Europe n’est pas capable de relever ce défi, il y aura pour l’industrie aéronautique américaine une occasion exceptionnelle d’assurer sa suprématie économique dans des conditions difficilement rattrapables.
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