La Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), ouverte le 3 juillet 1973 à Helsinki par les ministres des Affaires étrangères de 33 États européens, des États-Unis et du Canada, poursuit toujours ses travaux à Genève sans qu’on puisse encore prévoir quand elle se terminera et à quel niveau se tiendra sa dernière phase à Helsinki. Les communiqués des rencontres soviéto-américaine et franco-soviétique de Vladivostok et de Rambouillet ont laissé entendre qu'elle pourrait s'achever dans un proche avenir et que « les prémisses sont créées » pour qu’elle soit conclue « au plus haut niveau ».
Les travaux de la conférence, qui se déroulent à huis clos, ne bénéficient guère de publicité et ne provoquent que de très rares commentaires, et cependant cette conférence est un des tests essentiels de la détente internationale. Sa prolongation indéfinie risquerait selon certains de compromettre des résultats déjà obtenus. Qu'en est-il exactement ? De quoi s'agit-il ? Où en est-on de cette conférence ? C'est à ces questions que tente de répondre l’auteur.
L’histoire, pourtant longue, de l’Europe n’avait pas encore enregistré de conférence comparable, par le nombre des États participants et la compétence des experts rassemblés, à celle qui depuis bientôt deux ans poursuit ses travaux à Helsinki puis Genève sous le vocable de « Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe ». Tous les pays européens (sauf l’Albanie) y sont représentés, du plus petit jusqu’au plus grand, ainsi que les États-Unis et le Canada, et cherchent à y définir en commun les données d’une sécurité mutuelle et les règles d’une coopération multiforme et élargie.
À cette discussion capitale et sans précédent, aucune attention n’est pratiquement portée dans le monde atlantique et même dans un pays comme la France qui a contribué pourtant, de façon non négligeable, à son ouverture. Présentée en Occident comme une initiative soviétique, ne pouvant donc servir que les intérêts du Kremlin, la Conférence y est l’objet d’une méfiance et d’un scepticisme caractérisés, et ne se voit accorder aucune publicité. Les hommes politiques eux-mêmes n’y font allusion que lorsqu’ils ne peuvent faire autrement, ou pour servir des desseins qui ne sont pas ceux de la conférence.
L’idée d’une conférence sur la sécurité européenne est sans nul doute d’origine soviétique, au moins pour ce qui concerne la période d’après 1945. Elle a en effet été avancée par M. V. Molotov, ministre des Affaires étrangères de l’URSS, lors de la conférence quadripartite de Berlin le 10 février 1954 et répétée, voire précisée, dans plusieurs notes au cours des années 1954 et 1955 (période Malenkov). En tenant à intégrer l’Allemagne fédérale dans l’OTAN avant toute discussion avec l’URSS (malgré l’avis contraire du général de Gaulle), les Occidentaux forcèrent Moscou à mettre sur pied l’organisation du Pacte de Varsovie (mai 1955), mais ne découragèrent pas pour autant les dirigeants du Kremlin, et en particulier M. N. Khrouchtchev, de proposer à maintes reprises l’ouverture de négociations entre les deux alliances, soit pour conclure un pacte de non-agression, soit pour diminuer le niveau de la confrontation. Il ne fut guère question, sous M. Khrouchtchev, de « sécurité européenne ». Il faudra attendre l’année 1964 pour en voir resurgir l’idée, cette fois sous une autre forme et dans des conditions telles qu’on pouvait se demander si un « clin d’œil » entre l’Élysée et le Kremlin n’était pas à l’origine des nouvelles initiatives.
La « longue marche » vers Helsinki
Les dix principes d’Helsinki
La bataille de la « troisième corbeille »
Les suites de la conférence
La valeur des engagements et le niveau de la Phase III
Un système paneuropéen d’engagements