Dans deux précédents articles (avril et mai 1975), l'auteur, de retour d'un séjour en Afrique du Sud, a successivement rappelé les données historiques, politiques et économiques, puis analysé les menaces qui pèsent sur ce pays face à un environnement international qui, malgré les tentatives d'ouverture récentes, lui demeure généralement hostile. Dans ce troisième et dernier article, l'auteur, après avoir analysé les fondements de l'apartheid, s'interroge sur les perspectives d'évolution de la politique intérieure de l'Afrique du Sud.
L'Afrique du Sud à la croisée des chemins (III)
Quelle que soit l’ampleur des initiatives prises sur le plan extérieur, leur succès dépendra de la politique intérieure de l’Afrique du Sud, c’est-à-dire, en définitive, de l’apartheid.
Il n’est pas sûr que cette expression « sonore et mystérieuse » (2), tirée de l’Afrikaans, eût fait moins de mal à l’Afrique du Sud si ses zélateurs lui avaient préféré son équivalent anglais de « ségrégation » ou de « colour bar ». En revanche, il est symbolique — comme l’écrit André Blanchet (3) — que la politique de « développement séparé » se définisse par un mot emprunté à la langue des Boers. Si le vocable est récent — Robert Lacour-Gayet note que les linguistes l’ont relevé pour la première fois dans un article de journal en mars 1943 — la réalité qu’il recouvre est aussi ancienne que la présence des premiers colons hollandais en Afrique australe.
Toutefois, il fallut attendre 1913 et 1936 pour que deux lois (4) prévoient l’attribution de nouvelles terres aux réserves bantoues, et c’est seulement après la deuxième guerre mondiale que l’apartheid fut organisé et érigé en un véritable système politique.
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