L’arme nucléaire fait depuis le début partie intégrante de la posture militaire de la France. Soubassement de sa défense, sa détention n'est pas invalidée par les changements stratégiques du monde même si la doctrine qui la sous-tend a vieilli. Critiquer la doctrine de la dissuasion, se dispenser d'en reformuler une, mais conserver l'arme nucléaire contre les incertitudes, telle est la conclusion faite ici par un expert.
Peut-on se passer du nucléaire ?
Can we do without nuclear energy?
Nuclear weapons have since the beginning made up an integral part of the French military position. A foundation of the country’s defense, ownership of these weapons is not invalidated by the world’s strategic changes, even if the doctrine that underlies it has aged. To criticize the doctrine on dissuasion, dispense the reformulation of one, but keep nuclear weapons to counter uncertainties – this is the conclusion drawn here by an expert.
Peut-on envisager la dissuasion sans le nucléaire, ou inversement le nucléaire sans la dissuasion ? * Cette question, abrupte en apparence, a le mérite de forcer la réflexion sur un point central de la politique de défense de la France. En effet, les deux termes ont toujours été amalgamés dans le concept unique de « dissuasion nucléaire » qui a fait la preuve de son efficacité en donnant à l’Europe depuis 1945 la période de paix la plus longue de son histoire (les armements conventionnels ayant, quant à eux, historiquement montré leur incapacité à dissuader un agresseur potentiel). En ce début de XXIe siècle, l’environnement géostratégique mondial, les multiples questionnements au sein de nos sociétés et les contraintes budgétaires généralisées en Europe, résultat d’une profonde crise économique qui laissera des traces, ouvrent à nouveau la donne.
Pour la France, le maintien d’une « force de frappe » nécessite aujourd’hui de faire fi de la doctrine et montre de realpolitik.
Fondements de la dissuasion nucléaire
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