Quelle est à long terme la politique de l'Union soviétique à l'égard de l'Europe ? Comment concilie-t-elle la poursuite de la lutte idéologique et la nécessaire coopération avec le capitalisme occidental ? Quelle peut être l'attitude du Parti communiste soviétique à l'égard des partis frères européens ? Autant de questions difficiles qui se posent au Politburo à la veille de deux événements majeurs : la Conférence des PC européens et le XXVe Congrès du PCUS en février prochain.
La stratégie soviétique en Europe après la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE)
Si la C.S.C.E. n’a pas ouvert une nouvelle ère de la stratégie soviétique, son achèvement au plus haut niveau a représenté la réalisation d’un des éléments essentiels du « Programme de Paix » lancé par M. Brejnev en 1971, lors du XXIVe Congrès du P.C.U.S., et une étape d’une politique à long terme visant à créer sur le continent européen une situation conforme à l’idée que les dirigeants soviétiques se font de la sécurité de leur pays.
Le « Programme de Paix » avait en effet pour objet de consolider — en le faisant entériner par un forum international — le statu quo territorial et politique en Europe de l’Est et de développer d’autre part des relations de coopération avec les États de l’Ouest. Il ne s’agissait certes pas de renoncer à la « lutte idéologique ». Au contraire, le désarmement moral engendré à l’Ouest par la politique de détente devait à la fois favoriser l’influence des partis communistes occidentaux, affaiblir les solidarités européennes existantes politiques, économiques, militaires (Neuf, OTAN) et prévenir celles qui pourraient se constituer (défense européenne). La question allemande revêtait une importance particulière dans ce contexte dans la mesure où l’URSS entendait, par cette politique, à la fois amarrer solidement la RDA au camp socialiste et obérer toute perspective de défense européenne à laquelle la RFA serait partie. Cette stratégie, fondée sur l’idée que l’URSS ne saurait atteindre ses objectifs par une pression frontale, était donc défensive mais aussi offensive en ce qu’elle visait à prévenir les efforts de regroupement européen et à affaiblir les liens de l’Europe avec les États-Unis.
Le XXVe Congrès du P.C.U.S., qui se tiendra en février prochain, donnera aux Soviétiques l’occasion de redéfinir les grandes orientations de leur politique extérieure en fixant de nouveaux objectifs à leur « Programme de Paix », c’est-à-dire à leur politique de détente.
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