L’Irak
La première édition de L’Irak était parue en 1979, à la veille de l’accession de Saddam Hussein à un pouvoir sans partage. Dans cette seconde version, Philippe Rondot actualise les deux premiers chapitres, présentation du pays et de son histoire ; il consacre les deux suivants, avec une clarté et une précision admirables, au règne de Saddam.
À l’intérieur des frontières c’est, dès le retrait du maréchal El-Bakr et afin que nul n’en ignore, l’épuration du parti Baas (juillet 1979) et l’exécution du pontife des Chiites, l’ayatollah Mohammed Bagher Sadr (avril 1980). Un homme et un parti, voilà l’Irak nouveau.
À l’extérieur, l’environnement est peu amical. Le problème kurde, à la fois interne et externe, ne fut pas le plus mal traité par le pouvoir central. Sans doute la guerre fut-elle terrible en 1974 ; sans doute, celle-ci terminée par l’accord du 6 mars 1975 avec l’Iran, la mise en œuvre du statut d’autonomie au Kurdistan fut-elle menée avec rudesse : mais celui-ci était un compromis méritoire et les luttes intestines des Kurdes – qui durent toujours – n’en ont pas facilité l’application.
Restent l’Iran et le Koweït. Le format réduit de la collection « Que sais-je ? » a ici un avantage : le raccourci qu’il impose met en lumière les aventures catastrophiques dans lesquelles Saddam Hussein a entraîné son peuple. Des deux guerres, contre l’Iran, contre le Koweït, la première fut la plus sanglante ; on ne saurait dire, des deux, laquelle fut la plus « bête ». La conclusion de l’auteur est sage. Aujourd’hui, ce n’est pas l’avenir de Saddam Hussein qui est enjeu, mais celui de l’Irak. ♦