Le monde arabe et la sécurité de la France depuis 1958
Spécialiste de l’histoire des colonies et du monde arabe, le professeur Jacques Frémeaux (Paris IV) avait publié aux Puf en 1991 une étude remarquée sur La France et l’islam depuis 1789. Il approfondit aujourd’hui cette recherche sur les rapports franco-arabes depuis 1958, qu’il analyse sous l’angle de la sécurité de la France. Les lecteurs de Défense Nationale apprécieront cette approche par la sécurité, que l’auteur ne limite pas aux aspects militaires, mais qu’il élargit justement aux problèmes de la croissance économique, de la suffisance énergétique, de la coopération dans les armements, de l’identité nationale, et qu’il replace dans le cadre de l’évolution Est-Ouest, de l’échec du socialisme et de la construction européenne.
De la guerre d’Algérie, dont la rémanence reste vive dans la mémoire des Français et des Algériens, à la guerre du Golfe, la France a été confrontée aux crises qui ont secoué le monde arabe : chocs pétroliers, conflits du Proche-Orient, montée du terrorisme et de l’islamisme, guerre civile algérienne. Face à ces risques, que l’effacement de l’URSS n’a fait qu’accentuer, il n’était pas facile à nos gouvernements de maintenir nos positions militaires et politiques, nos échanges commerciaux, notre influence culturelle.
Ce qui se passe dans le monde arabe n’est pas sans influence sur la société française, affectée par une immigration mal contrôlée, redoutant l’extension du terrorisme et le surarmement du Sud, inquiète du développement d’un islam radical. Pour l’auteur, ces risques existent, mais leur portée doit être relativisée. « Les fanatiques sont (peut-être) au sud, mais les moyens de destruction sont (sûrement) au nord… Un solide système de défense est de nature à dissuader les aventuriers de tous ordres ». La connaissance des risques et des enjeux doit permettre d’éviter « fantasmes et peurs irraisonnées ».
Une analyse historique rigoureuse et des jugements nuancés sur les thèmes de la démographie, de la nation, et de l’islam français, sont complétés par une conclusion très tonique sur la mission de la France dans le monde, que Jacques Frémeaux emprunte à Victor Hugo : « Sachez produire la richesse et sachez la répartir, et vous aurez tout ensemble la grandeur matérielle et la grandeur morale, et vous serez digne de vous appeler la France ». ♦