Le nationalisme arabe
Il s’agit d’un ouvrage de référence dû à la plume d’un des meilleurs connaisseurs de l’univers arabe. La consultation en est facilitée par un index des noms de personnes, précieux dans des matières singulièrement touffues.
Trois sujets ont été traités de manière particulièrement fouillée, avec des vues originales : la doctrine du Baas irakien ou syrien, la langue en tant qu’élément d’identité du monde arabe maintenant et dans le passé en dehors même de la religion, et enfin le déclin du nassérisme. C’est le premier de ces thèmes, toujours d’actualité, qui retiendra surtout l’attention de l’observation politique. L’idéologie baasiste voit la nation arabe avant tout comme une réalité culturelle et non religieuse. Même de la part des non-musulmans, l’islam ne doit pas moins être considéré comme « l’élément le plus précieux de l’arabité », précisément en tant que ferment culturel porteur de mobilisation, et cette affirmation réduit à sa juste mesure la laïcité dont s’est longtemps parée la grande organisation politique pour mieux séduire certains milieux occidentaux. Tout sentiment national autre qu’arabe, c’est-à-dire communautaire, est considéré par le Baas comme schismatique et justifiant donc qu’on le combatte âprement.
De longues analyses sont conduites avec autant d’autorité que de pertinence et le livre fourmille de données précises et intéressantes sur le Proche-Orient. M. Olivier Carré n’a cependant pas toujours su échapper à la tentation, qui n’est pas rare chez les orientalistes, de manifester quelque agacement devant les travaux de certains autres spécialistes de la région. ♦