Mai 1994 - n° 553

La Marine nationale

Hugues Capet ne possédait guère qu’un domaine fort étroit, sans accès à la mer, lorsqu’il se fit élire roi de France. Deux siècles plus tard, Philippe Auguste avait donné au pouvoir royal ses premières provinces maritimes. La France avait certes connu de multiples incursions sur ses rivages, mais en entamant la lutte contre les Plantagenêt, prélude d’une longue série de conflits avec l’Angleterre, le royaume capétien avait donné une réelle dimension maritime à sa défense. Dimension d’abord fort ténue qui se fit progressivement plus vigoureuse et fut enfin assurée avec l’impulsion décisive que Richelieu donna à la politique maritime de la France, car la mer n’était plus seulement le milieu hostile d’où pouvait surgir la force ennemie ; elle était devenue un lieu d’échanges pour les marchandises de l’Europe et la voie d’accès aux nouveaux mondes et à leurs richesses. Dès lors, elle représentait un enjeu essentiel dans la rivalité des nations. À l’égal des autres puissances européennes, la France avait définitivement pris le large dans un mouvement souvent heurté, mais jamais interrompu. Lire les premières lignes

  p. 7-21

Les bouleversements géopolitiques en cours depuis 1989 vont entraîner, durant les vingt prochaines années, de profondes modifications dans la composition et les doctrines d’emploi des marines du monde. Lire les premières lignes

  p. 23-35

« L’empire de la mer a toujours donné aux peuples qui l’ont possédé une fierté naturelle ». (Montesquieu)
« La France n’est jamais si grande que lorsqu’elle s’ouvre sur le monde ». (M. Édouard Balladur, Premier ministre)
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  p. 37-46

Systématiquement tournée, au cours des siècles derniers, vers ses frontières de l’est toujours menacées et trop souvent franchies par l’envahisseur, ayant fréquemment ignoré le littoral dont elle ne savait pas très bien s’il représentait une véritable « frontière de la peur » ou simplement un « rivage de l’espoir », la France s’interroge toujours sur la nécessité de posséder une marine et pour quelles missions. Lire les premières lignes

  p. 47-56

Si l’on peut aisément faire admettre qu’une stratégie maritime ne peut se concevoir sans marine, encore faut-il adapter celle-ci à la stratégie retenue. Prétendre, par exemple, à une stratégie maritime océanique avec une marine côtière ne serait qu’un acte d’orgueil dont les faits démontreraient rapidement la vanité. Dans l’article qui précède, l’amiral Naquet-Radiguet a montré, à la lumière de la politique de défense de la France et des principales orientations du Livre blanc sur la Défense, quelle devait être notre stratégie maritime. Nous allons examiner maintenant quelle marine est en mesure de lui conférer sa réalité. Lire les premières lignes

  p. 57-67

Moins du quart portent le pompon rouge, tous les autres ont une casquette, leur moyenne d’âge n’atteint pas 33 ans, ils sont 47 000 (1), ce sont les hommes et les femmes qui ont choisi d’exercer leur vie professionnelle dans la marine nationale. Lire les premières lignes

  p. 69-77

Repères - Opinions - Débats

Le 1er novembre 1993, le traité de Maastricht, créant l’Union européenne, est entré en vigueur : la ratification qui, au début de 1992, devait n’être qu’une formalité, s’est révélée extrêmement difficile et incertaine, notamment dans les États ayant recours au référendum pour l’approbation du traité (Danemark, France). Pour la première fois, les peuples étaient consultés sur le contrat européen : se sentaient-ils prêts à affronter un saut qualitatif vers une sorte de fédération européenne ou, au contraire, préféraient-ils garder une Europe unie aux finalités politiques ouvertes ? Face à cette question, les opinions nationales se sont montrées profondément divisées. Lire les premières lignes

  p. 79-88

L'importance des événements mondiaux survenus depuis quelque temps a nécessité la remise en cause de la pensée stratégique : il s'agit d'un nouveau débat où les économistes ont largement leur place. L'auteur, fidèle de notre revue et dont la compétence dans toutes les questions d'économie de la défense est universellement reconnue, nous fait profiter de ses réflexions sur cet « avenir stratégique ». Cet article a été rédigé avant la publication du Livre blanc sur la DéfenseLire les premières lignes

  p. 89-97

La réglementation des armements est à nouveau sur le devant de la scène internationale avec les conflits du Proche-Orient – et en ex-Yougoslavie –, l'effondrement de l'URSS et la libération des échanges, sans parler des États qui, tout en connaissant une situation intérieure dramatique, consacrent une grande partie de leur budget à s'armer. L'auteur, contrôleur général des armées et spécialiste de ces questions, fait le bilan de l'actuelle réglementation des armements et estime qu'un rajeunissement de celle-ci est indispensable.

  p. 99-107

L'auteur, chercheur en sciences politiques et conseiller auprès du SPD au Parlement de Hambourg, présente le changement de perception par l'Allemagne de ses intérêts de sécurité nationale. L'article a été traduit par Catherine Heimrod.

  p. 109-119

La question posée dans le titre pourra sembler volontairement provocatrice. Telle n'est pas l'intention de l'auteur qui souhaite seulement montrer, à partir d'un exemple, celui de l'industrie du raffinage pétrolier, que dans ce domaine le concept d'indépendance nationale a considérablement évolué au cours des dernières décennies et qu'un même terme recouvre une conception différente en 1928 et de nos jours. L'auteur a déjà écrit un article très documenté sur les importations pétrolières françaises en février 1994Lire les premières lignes

  p. 121-127

La mutation de la Tanzanie pourrait avoir des conséquences importantes en raison de la place particulière qu'occupe ce pays sur l'échiquier régional. L'auteur, spécialiste des questions africaines, s'est rendu à plusieurs reprises dans cette zone, notamment pour y mener des recherches universitaires. Il nous livre ici une analyse historique, politique et économique de cette nation en quête d'un nouveau souffle.

  p. 129-138

Les années passent, nous rapprochant de la date – 1997 – à laquelle s'effectuera le rattachement de Hong Kong à la République populaire de Chine : en fait, deux mondes très différents même si leurs habitants sont tous des Chinois ! L'auteur, docteur ès sciences politiques et diplômée de chinois, fait ici une étude comparative de la situation trois ans avant cette échéance de 1997 et sa conclusion affiche certaines réserves. On notera une fois de plus que les Occidentaux, lors de leurs négociations, sont toujours incapables de comprendre que les « références » des Chinois sont totalement différentes des leurs, en particulier sur l'épineuse question des droits de l'homme.

  p. 139-151

Les Médecins sans frontières sont des hommes de terrain, et le terrain qu’ils foulent n’est pas d’accès facile : ces modernes aventuriers, pour lesquels les militaires ont beaucoup d’amitié, sont familiers des zones grises où règnent la misère, l’insécurité et la guerre. Ainsi disposent-ils d’une somme d’informations sans pareille. Ce riche matériau donne du poids à leurs analyses que mènent des dirigeants de grande culture et de grande ouverture d’esprit. Lire les premières lignes

  p. 153-158

Chroniques

  p. 159-168
  p. 169-172
  p. 173-176
  p. 177-180
  p. 181-184

La société moderne peut être caractérisée par la grande masse d’informations qui est mise à la disposition de chacun sous les formes les plus variées. Notre époque a pu être définie comme « l’époque de l’information », succédant à celle de « l’industrialisation ». Cette constatation, devenue banale dans le domaine de l’information générale, est également valable dans celui de l’IST. La conscience en est cependant moins répandue et beaucoup de décideurs n’en ont pas encore tiré toutes les conséquences. Lire les premières lignes

  p. 185-190

Bibliographie

Henri de Beaufort et Jacques de Zélicourt : Pourquoi la crise et comment en sortir ?  ; Éditions Mame, 1993 ; 218 pages - Pierre Morisot

Il faut une bonne dose d’audace, voire de présomption, pour prétendre poser et résoudre en 200 pages un problème qui empêche toutes nos élites pensantes de trouver le sommeil. Il est vrai qu’une maison d’édition qui a bâti en partie sa réputation sur le religieux est susceptible de véhiculer des messages miraculeux… Lire la suite

  p. 191-192

Raoul Delcorde : Le jeu des grandes puissances dans l’océan Indien  ; (préface du contre-amiral Henri Labrousse) Éditions L’Harmattan, 1993 ; 236 pages - Henri Labrousse

M. Raoul Delcorde, docteur en science politique de l’université catholique de Louvain (Belgique), est un diplomate belge qui fait partie de la délégation de son pays à Vienne, à la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Il est l’auteur d’un ouvrage sur la sécurité dans le Golfe et a publié plusieurs articles sur les problèmes géostratégiques au Proche-Orient. Il aborde remarquablement les tensions qui surgissent tout au long de « l’arc de crise » qui s’étend de la mer Rouge aux détroits malais et indonésiens. L’océan Indien n’est pas une « zone de paix » comme le souhaitent certains de ses pays riverains, mais une « zone de paix violente » susceptible de donner naissance à des conflits limités ou à de véritables guerres. Lire la suite

  p. 192-193

Olivier Carré : Le nationalisme arabe  ; Éditions Fayard, 1993 ; 304 pages - Marc Bonnefous

Il s’agit d’un ouvrage de référence dû à la plume d’un des meilleurs connaisseurs de l’univers arabe. La consultation en est facilitée par un index des noms de personnes, précieux dans des matières singulièrement touffues. Lire la suite

  p. 193-193

Shimon Peres : Le temps de la paix  ; Éditions Odile Jacob, 1993 ; 262 pages - Michel Klen

Le document de Shimon Peres constitue un « livre événement » pour deux raisons. D’une part, il survient au lendemain de l’accord historique entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), et au moment où une dynamique de négociations est en train de modifier les données géopolitiques de cette zone particulièrement troublée. D’autre part, il analyse la vision qu’a le ministre israélien des Affaires étrangères d’un nouveau Proche-Orient (1) basé sur l’établissement d’un vaste système régional qui devrait permettre la création d’une entité prospère. L’auteur propose des solutions hardies, mais réalistes, dans les domaines politique et économique. Lire la suite

  p. 194-195

Françoise Thom : Les fins du communisme  ; Éditions Critérion, 1994 ; 226 pages - Michel Klen

La sortie d’un ouvrage de Françoise Thom est toujours un événement en raison de la justesse des analyses et des prévisions énoncées par cet auteur de talent. Agrégée de russe, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne, auteur de nombreux articles remarqués dans des revues spécialisées de géopolitique et passionnée par l’évolution de l’ex-URSS et des États post-communistes, cette experte des questions soviétiques passe la plupart de son temps à analyser la presse russe et à échanger des points de vue avec les plus grands professeurs d’université. Après les succès de ses deux derniers ouvrages consacrés à la Langue de bois (1987) et au Moment Gorbatchev (1990), Françoise Thom nous livre ici une étude détaillée des événements qui ont suivi la chute de Gorbatchev et s’interroge sur la fin véritable du communisme. La description de la société russe qu’elle nous propose est particulièrement saisissante de réalisme. Le lecteur restera également frappé par l’âpreté des luttes qui déchirent les responsables politiques et par l’état de délabrement moral et économique de l’ancien empire des tsars. Lire la suite

  p. 195-195

Pascal Boniface (dir.) : L’année stratégique 1994  ; Éditions Dunod-Iris, 1994 ; 528 pages - Jacques Golliet

Pour la cinquième année, l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) publie L’Année stratégique – Les équilibres militaires. Comme dans les éditions précédentes, cet ouvrage se découpe en deux parties distinctes : d’une part une analyse détaillée des événements politiques et militaires, région par région, d’autre part la traduction de la Military Balance, publiée en Grande-Bretagne par l’International Institute for Strategic Studies (IISS). Lire la suite

  p. 195-196

Maurice Bertrand : La stratégie suicidaire de l’Occident  ; Éditions Bruylant, 1993 ; 212 pages - Dominique David

Les deux cents petites pages de Maurice Bertrand ont de quoi agiter les chaumières des stratèges (1) ou des spécialistes en relations internationales. On nous en avertit d’entrée : l’absence de vision, de courage, l’incapacité à établir un diagnostic sont caractéristiques de toutes les périodes de montée des périls, et nous sommes dans l’une d’elles. Lire la suite

  p. 197-198

Revue Défense Nationale - Mai 1994 - n° 553

Revue Défense Nationale - Mai 1994 - n° 553

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Mai 1994 - n° 553

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