La France a été et reste novatrice dans l'emploi de l'hélicoptère sur un théâtre d'opération. Forte de son expérience, l'Alat dispose d'une capacité et d'une compétence permettant de développer une doctrine de l'aérocombat, préfigurant les engagements de demain.
L'aérocombat, futur de la manœuvre aéroterrestre
Aerial Combat, Future of Land and Air Maneuvers
France has remained a novice in the use of helicopters in a theater of operations. With its experience, the ALAT (Army Aviation) has the capacity and the competence that would permit the development of a doctrine of aerial combat, foreshadowing the engagements of tomorrow.
Depuis toujours, la manœuvre terrestre a cherché à échapper aux contraintes de la double dimension. Le ballon et l’avion permirent un temps l’expansion vers un combat terrestre en trois dimensions. Mais la fragilité de l’un et l’accroissement des performances de l’autre les ont rendus impropres à s’insérer dans la manœuvre terrestre. C’est alors que l’imagination et la persévérance de quelques tacticiens précurseurs (1) permirent de tirer le meilleur de l’hélicoptère au service de la manœuvre terrestre, lui donnant l’ouverture vers l’aéromobilité, arrivée aujourd’hui à son terme logique : « l’aérocombat » (2), défini comme : « L’intégration des tactiques, des missions et des modes d’action aéromobiles à la manœuvre terrestre en combinaison avec les autres composantes de la fonction contact ».
L’aérocombat, capacité à intégrer la troisième dimension « hélicoptère » par le mouvement et le feu dans la manœuvre terrestre en adaptant ses modes d’action aux exigences du milieu, des capacités terrestres amies et des menaces ennemies est la caractéristique (3) de l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) française. La formule du général Kinnard (4), « Avec l’aéromobilité, le soldat était libéré pour toujours de la tyrannie du terrain », illustre le mieux la raison pour laquelle l’hélicop-tère est un outil indispensable aux forces terrestres. Tout comme il l’est d’ailleurs à la manœuvre navale dont il prolonge les effets des systèmes de combat, à la manœuvre aérienne dont il assure le continuum sur les segments basse vitesse et basse altitude, ou aux forces spéciales à qui il est indispensable pour les actions rapides et précises. Nonobstant ces évidences opérationnelles, quelques analyses superficielles approchent le phénomène hélicoptère par sa dimension « aérienne ». Cela a certes un sens dans les champs purement techniques (règles de navigabilité, exigences de performances techniques des aéronefs et des équipements), mais aucun dans le champ tactique, qui devrait être le seul à compter pour la construction d’un outil militaire performant. On perçoit bien cette difficulté en Europe. Malgré un parc de plusieurs centaines d’hélicoptères, Otan comme UE arrivent difficilement à les projeter en opérations et, une fois sur le théâtre, à les engager au combat. Pourtant, tant l’Otan que l’Agence européenne de défense développent des programmes de formation des équipages d’hélicoptères mais, en l’absence d’une doctrine tactique d’aérocombat, et de structures ad hoc dédiées (5), ces efforts se limitent à l’apprentissage de savoir-faire techniques, utiles mais insuffisants à créer une force combattante.
L’aérocombat dans toutes les opérations depuis plus de trente ans
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