Quand on parle de l’océan Indien, il est important d’avoir en mémoire la structure de ce vaste théâtre d’opérations maritimes : comment se présentent ses accès ? Qui en contrôle les points de passage obligatoire ? Quelles sont la nature et l’importance du trafic maritime qui les emprunte ? Quels sont les intérêts en jeu ? Après avoir brossé un tableau géostratégique de cet océan, l’auteur en passe en revue les problèmes spécifiques : le contrôle de la masse du trafic pétrolier débouchant du golfe Arabo-Persique, la question de la non-prolifération nucléaire après la récente explosion atomique indienne, les aspirations des riverains à faire de l’océan Indien une zone de paix et l’action menée à l’ONU où un Comité spécial de l’océan Indien a été formé. Il donne enfin un aperçu des premières conséquences de la réouverture du Canal de Suez et s’interroge sur l’avenir de la paix dans cette région.
Nul n’était mieux qualifié que l’auteur pour faire cette étude. Il a en effet jadis exercé des commandements en mer Rouge et dans l’océan Indien. Il a été ensuite attaché naval en Éthiopie, Arabie saoudite et Soudan, avant d’appartenir à l’état-major particulier du général de Gaulle et au cabinet de M. Pierre Messmer. Il est en outre expert français à la Conférence sur le droit de la mer.
La réouverture du Canal de Suez aura été le grand événement international de l’année 1975. Œuvre de génie dont l’utilité était déjà perçue au temps de l’ancienne Égypte et dont la réalisation répondit à un large dessein de progrès, de rapprochement des peuples et des races, sa fermeture pendant huit ans s’était avérée plus préjudiciable aux pays du Tiers Monde qu’aux grandes puissances. Celles-ci, en effet, étaient mieux armées pour inventer les réponses à ce défi et pour adapter leurs stratégies de façon à assurer, malgré tout, une présence dans ce vaste théâtre maritime de l’Océan Indien, où leurs intérêts sont immenses. Mais entre temps, la situation a considérablement évolué et, de l’état de domination et de division dans lequel ils se trouvaient encore en 1967, les États riverains de l’Océan Indien sont devenus eux-mêmes sujets de leur propre histoire et des regroupements se sont opérés qui marquent leur volonté d’échapper à l’emprise des blocs opposés et d’assurer librement leur destin. Essayons dans cet article de distinguer les conséquences de la réouverture du Canal et les perspectives d’évolution vers la paix ou vers l’affrontement, dans cette zone de l’Océan Indien engagée dans une partie capitale du jeu mondial.
À la veille de la réouverture du Canal, en juin 1975, la région était en pleine mutation. Les États arabes, encouragés par le retour en force de l’Égypte, notamment ceux de la Péninsule Arabe et du Golfe Arabo-Persique, ne cachaient pas leur intention de se dégager de l’hégémonie des superpuissances et d’assurer eux-mêmes le contrôle des points de passage obligatoires de cette région : accès du Canal, débouché de la Mer Rouge et du Golfe sur l’Océan Indien. L’Iran qui venait de s’emparer des îlots commandant le Détroit d’Ormuz manifestait une volonté d’accroissement spectaculaire de sa puissance militaire.
Compétition pour le contrôle des débouchés de la mer Rouge et du golfe arabo-persique
Le contrôle du trafic au large de la côte orientale de l’Afrique et dans le Canal du Mozambique
Le contrôle des détroits malais et indonésiens
L’océan indien et la non-prolifération nucléaire
Les nations unies et l’océan Indien « zone de paix » forces en présence
Réouverture du Canal et impact sur le trafic maritime - Perspectives pour la paix du monde
Conclusion
Asie