L’économie mondiale à découvert
L’économie mondiale traverse une période d’incertitudes nouvelles. Alors que le processus de reprise semble amorcé et que l’inflation est dans maints pays industrialisés freinée, bien d’autres indicateurs restent chargés d’incertitudes. Il s’agit principalement de ce que Henri Bourguinat, économiste français, appelle les « quatre pathologies économiques », à savoir : le niveau élevé des taux d’intérêt, l’importance du déficit budgétaire américain, la surévaluation du dollar et la crise de l’endettement des pays en développement.
Ces quatre phénomènes sont liés en un imbroglio causal, au cœur duquel figurent bien entendu le dollar et ce qu’il appelle l’économie internationale d’endettement. C’est le recours quasi généralisé au financement extérieur durant la seconde partie des années 1970, substitut à l’ajustement, qui a créé la situation actuelle. Tout s’est renversé lorsque les détenteurs de créances, à l’échelon mondial, ont demandé le remboursement de leurs avoirs. À partir de cette date, qui a correspondu au changement de la politique monétaire américaine, les flux financiers globaux se sont dirigés vers les États-Unis où désormais la rentabilité des capitaux devenait supérieure à celle dans le reste du monde. D’où le cycle presque parfait dans sa circularité entre hausse des taux d’intérêt, maintien d’un fort déficit budgétaire et commercial américain, et hausse du dollar, alourdissement des charges d’intérêts des principaux créditeurs, qui en appelèrent à des rééchelonnements de plus en plus lointains. Le résultat est ce qu’Henri Bourguinat désigne par « redistribution régressive opérée par le marché financier international », situation qui oblige les pays endettés à rembourser plus qu’ils n’obtiennent en capitaux neufs. À ses yeux, le contrôle d’une telle situation exige des taux d’intérêt mieux maîtrisés, ce qui conduit de nouveau à la clé de voûte de tout le système que constitue le dollar. La récente décélération du billet vert, qui semble rester plus stable, est à cet égard un signe prometteur.
La lecture de L’économie mondiale à découvert, analyse approfondie documentée et chiffrée, ne saurait être réservée aux seuls experts.