Le PCF et l’armée
Dans la collection « Politique d’aujourd’hui », les Presses universitaires de France (Puf) publient coup sur coup Les socialistes et l’armée et Le PCF et l’armée, œuvre nécessaire et risquée. Nécessaire puisque socialistes et communistes sont maintenant au pouvoir ; risquée car leurs doctrines en la matière ont longtemps reflété les fluctuations d’une opposition plus portée à refuser les réalisations militaires de leurs adversaires qu’à élaborer ses propres projets. Aussi bien Yves Roucaute pour le PCF, abordant son sujet à la libération, distingue-t-il 3 périodes : le PCF au pouvoir (jusqu’en 1947), le PCF loin du pouvoir (jusqu’en 1962), le PCF en marche vers le pouvoir.
1. Le prestige acquis par le parti dans la résistance, l’intégration des Forces françaises de l’intérieur (FFI) dans l’armée régulière et 29 % des voix aux législatives de novembre 1946 ouvraient aux communistes de vastes possibilités. Leur participation au gouvernement tourna court. Il est intéressant, aujourd’hui, de la remettre en mémoire. Fernand Grenier puis Charles Tillon au ministère de l’Air entreprirent alors, non sans succès, la conquête idéologique de leurs personnels. François Billoux, ministre de la Défense de février à mai 1947, dut quitter sa charge alors qu’il mettait la dernière main à son projet de transformation de notre armée. C’est le début de la guerre froide qui oblige le président Ramadier à se séparer de ses encombrants compagnons, inconditionnels soutiens de l’URSS de Staline.
2. La seconde partie du livre est la plus instructive et la plus riche d’enseignements quelque peu oubliés. Rejeté loin du pouvoir, le PCF allait pousser à l’extrême son engagement soviétique : en Indochine puis en Algérie, il mène de façon très précise une action contre la France au combat. Action quasi-naturelle en Indochine où le Viet-Minh est le parti frère, qu’on aide de toutes les façons : renseignement, fourniture d’armes, collaboration d’officiers communistes déserteurs aux opérations contre le corps expéditionnaire. Action plus difficile à justifier en Algérie, où l’analyse « de classe » de la situation s’oppose aux options nationalistes du FLN (Front de libération nationale) : mais le concours apporté à celui-ci n’en sera pas moins très concret.
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