La Chine moderne
En un fort riche petit volume, Yves Chevrier retrace, non sans être remonté à titre d’introduction et de présentation à la première guerre de l’opium (1839-1842), point de départ de l’ère moderne (jindai), ce très court demi-siècle (1912-1949) durant lequel la Chine esquisse sa modernisation en même temps qu’elle s’achemine vers la révolution.
C’est l’effondrement de l’unité impériale, après la chute des Mandchous, qui a aggravé la partition socio-économique d’une véritable désintégration nationale marquée par le régionalisme et le militarisme. Dès lors deux Chines, celle de la ville et celle de la campagne, s’affrontent. C’est la petite Chine des villes qui prend l’initiative dans les premières décennies du siècle : républicaine en 1911-1913, intellectuelle avec la fièvre occidentale et marxiste du 4 mai (1913-1921) puis sociale au cours des années 1920 mais constamment nationaliste.
Après l’échec urbain de 1927 la grandeur de Mao Zedong et de ses compagnons est d’avoir percé l’illusion moderniste en découvrant la dimension révolutionnaire du sous-développement. Aidée par l’invasion japonaise, qui paralyse Chiang et diffuse le levain nationaliste dans les villages, l’union féconde du communiste rural avec la résistance nationale (1937-1945) accomplit le programme de Sun Yat Sen. Plus que le ralliement des élites urbaines au terme de la guerre civile (1946-1949) c’est la transformation du PCC en État ancré dans les campagnes et la conquête des villes et du pays par sa puissante armée qui font de la révolution chinoise une révolution intégrale, développée à l’européenne et non plus l’affaire factorielle et condamnée d’une fraction marginale de la population. ♦