Planning US Security: Defense Policy in the eighties
Le sujet que traite ce livre est capital. On connaît les critiques portées depuis longtemps contre la formidable lourdeur des structures de la machine de défense américaine. L’augmentation du budget du Pentagone par le président Reagan est-elle justifiée ou une gestion plus rigoureuse des crédits permettrait-elle d’obtenir de meilleurs résultats ? Question vitale, à laquelle malheureusement ce livre ne répond guère. On y trouve, certes, quelques renseignements utiles mais l’ensemble est plutôt superficiel et ne mérite guère le détour.
Deux contributions seulement émergent quelque peu. Celle d’Edward Luttwak synthétise bien les critiques du système existant. L’absence d’une tradition stratégique aux États-Unis fait qu’il n’y a pas de véritable réflexion d’ensemble sur les finalités de la stratégie américaine et les moyens qui lui seraient nécessaires. Les armes sont davantage choisies en fonction de leur perfection technique (le char M-1 Abrams a ainsi reçu une turbine à gaz coûteuse, fragile et inutile) ou même à partir de méthodes de calcul mathématique que de leur utilité intrinsèque. La gestion des personnels n’est pas meilleure (la rotation trop rapide des officiers au Viêtnam a ainsi engendré de graves mécomptes). Des réformes d’ensemble sont donc nécessaires et urgentes. En sens inverse, Lawrence J. Korb, secrétaire adjoint à la Défense, défend l’organisation actuelle : les blocages constatés sont inévitables dans une structure aussi complexe et ils ne sont pas proportionnellement plus nombreux que dans les armées étrangères. D’autre part, le système est capable de réagir rapidement quand il reçoit une impulsion énergique. On voudrait bien le croire, malheureusement les déficiences révélées par l’exercice de mobilisation Nifty Nugget, en 1978, ou par le raid américain sur la ville iranienne de Tabas (avril 1980), n’incitent guère à partager son pronostic. ♦