Si elle ne peut être totalement coupée, la route du pétrole à travers l'océan Indien peut être gravement perturbée : obligation, en cas de crise, de détour pour éviter la zone économique des 200 milles de certains États riverains : agressions difficilement identifiables contre les navires pétroliers occidentaux. L'auteur, qui a jadis exercé des commandements en mer Rouge et dans l'océan Indien et qui est aujourd'hui expert à la 3e Conférence des Nations unies sur le droit de la mer, évoque les menaces qui pèsent sur nos trafics vitaux à travers cette zone stratégique surveillée de près par les grandes puissances, et les perspectives utopiques qu'éveille le projet de « zones de paix et de sécurité » actuellement prôné par certains États du Tiers-Monde.
La route du pétrole peut-elle être coupée ?
Dans un article récent (1), l’amiral Marc de Joybert, ancien chef d’État-Major de la Marine, soulignait les dangers, pour l’Europe Occidentale, de se voir privée de la mer « nourricière et transporteuse » par laquelle elle importe le pétrole et les matières premières qui lui font défaut. La longue route de l’énergie, qui emprunte des trajets divers, est surtout matérialisée par la noria des superpétroliers entre le Golfe et les ports européens. Le Canal de Suez, sans aucun doute, participe à ces transports maritimes en faisant transiter des pétroliers de tonnage moyen mais l’essentiel, soit près de 400 millions de tonnes par an, emprunte la route du Cap.
Il est indispensable, pour se rendre compte de l’importance et de la vulnérabilité de cette « energy life-line » qui permet à l’Europe Occidentale de vivre et de se développer, d’avoir une idée du nombre et des caractéristiques de ces superpétroliers qui assurent la plus grande partie de ce ravitaillement en traversant l’Océan Indien. L’U.R.S.S. n’est pas concernée par ce problème. Ses capacités de production en pétrole et en gaz sont plus que suffisantes, et elle a pu exporter en 1975, 130 millions de tonnes de pétrole en utilisant, comme il se doit, le Canal de Suez (2).
La flotte de superpétroliers qui effectue les trajets en navette entre le Golfe et l’Europe se décompose ainsi :
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