Les experts de tous pays estiment généralement que l’informatique est en train de devenir la troisième industrie, dans l’ordre d’importance, après celles du pétrole et de l’automobile. C’est dire le rôle qu’elle est appelée à jouer dans les économies des nations, comme, d’ailleurs, dans leur niveau scientifique et technique, puisque les ordinateurs sont devenus des outils irremplaçables dans de nombreuses activités tant de recherche que de gestion. On conçoit donc que l’un des soucis prioritaires qui s’imposent à tout gouvernement est le développement de ce secteur, quel que soit le prix à payer. Le Japon est l’un des pays qui a agi le plus tôt pour se doter d’une informatique « nationale » et il n’est pas sans intérêt de s’arrêter sur les actions qu’il a entreprises pour atteindre le but qu’il s’était fixé.

Nous décrirons d’abord l’histoire de l’informatique japonaise, assez longuement car ses lignes directrices sont parfois difficiles à saisir. Puis, nous en arriverons à la situation actuelle et nous aborderons quelques problèmes qui se posent. Nous conclurons enfin sur les résultats déjà obtenus et sur ceux que l’on peut imaginer pour l’avenir.

Historique

C’est en 1956 qu’apparut le premier ordinateur japonais. Il arrivait donc dix ans après le premier calculateur américain, ENIAC, qui était alors composé de relais et de tubes à vide, techniques qui dominaient l’électronique dans les années qui suivirent immédiatement la deuxième guerre mondiale. L’année suivante, en 1957, le Japon possédait déjà trois ordinateurs. En 1958, la société NEC (Nippon Electric Company) construisait le NEAC 2 201 et le lançait largement sur le marché. Sa technique, proprement japonaise, était basée sur les transistors. Pendant quatre ans, jusqu’en 1962, les sociétés japonaises continuèrent à construire des machines de types analogues. Mais elles avaient pris conscience progressivement du retard qu’elles accumulaient par rapport aux États-Unis où les techniques employées étaient beaucoup plus modernes.