La bataille de Moscou
Wolfgang Paul retrace des événements qu’il a lui-même vécus et qui furent l’un des épisodes les plus marquants de l’opération Barbarossa : la bataille de Moscou, la plus longue de la Seconde Guerre mondiale et qui devait être, dans l’esprit d’Hitler, le couronnement de la campagne contre la Russie.
L’auteur s’est admirablement servi des témoignages des participants. D’abord le sien, puisque l’auteur (Wolfgang Koch dans l’ouvrage) a tenu un journal du 22 juin 1941 à mars 1942, moment où il fut blessé. Afin d’éviter une vision trop partielle des événements, l’auteur a confronté également ses souvenirs avec ceux de la partie adverse, en l’occurrence le journal du major soviétique Chabaline (Alexandre Tvardovski dans le texte). Il n’a pas privilégié seulement les renseignements pris au plus haut niveau : les papiers du général Guderian, les commentaires des généraux Eberbach et Smilo, il s’est intéressé également aux réactions des hommes du rang grâce aux archives de la 18e DB (Division blindée), aux lettres d’officiers blessés ayant échappé à la censure et surtout au journal d’un aumônier catholique, le père Heinz Wolf, dont la valeur exceptionnelle est à signaler.
Cette démarche suivie par l’auteur donne un récit vivant et nuancé qui évite le piège de la légende en montrant l’enjeu des combats et les souffrances morales et physiques endurées par les combattants.
Au-delà du récit d’une bataille, ce livre nous invite à réfléchir sur l’utilisation de l’histoire par les militaires. W. Paul trace en contrepoint de son récit une comparaison justifiée entre la campagne de Napoléon et celle d’Hitler. Il est intéressant de noter combien les répétitions historiques sont riches d’enseignements. Finalement, le problème du choix stratégique (Moscou ou Kiev ?) se révèle illusoire, l’obsession de la bataille décisive devient vainc : on peut alors évoquer la phrase de Nicolas II : « On n’attaque pas la Russie, ce n’est pas un pays, mais un continent ». ♦