Histoire de l’Italie, du Risorgimento à nos jours
Œuvre d’un diplomate et historien italien, cet ouvrage prend pour origine 1848. C’est moins un événement précis qui sert de point de départ qu’un climat : la conviction profonde à cette époque que l’Italie est une catégorie de l’histoire et de la pensée, une « belle au bois dormant qu’il faut éveiller d’un sommeil séculaire ». Aussi l’auteur mentionne-t-il le legs des périodes antérieures, de la période révolutionnaire et napoléonienne notamment.
C’est un livre alerte. Sergio Romano ne déroule pas une histoire linéaire faite d’événements qui s’aligneraient comme les jalons d’une évolution simple, ce qui pour l’Italie aurait été artificiel. C’est un livre fondé sur des questions et apportant des éléments de réponse, une admirable manière de montrer comment l’Histoire se fait par l’action des hommes mais aussi au travers de leurs idées, dans la représentation qu’ils se font du monde, de leur pays, de leur action. Ce qui frappe dans ce livre, c’est la prééminence donnée aux courants de pensée.
Démarche intelligente, qui associe le lecteur à la découverte d’une nation insaisissable, si proche de nous, et pourtant si difficile à comprendre. Italie contradictoire, surprenante, sous l’effet à la fois d’une histoire extrêmement longue et riche et d’une unité nationale tardive et imparfaite.
Imparfaite, l’unité l’est dès le départ. L’auteur montre bien les contradictions contenues dans la politique de Cavour, le flou des idées mazziniennes, l’incohérence et la fragilité des expéditions garibaldiennes. En effet, dès avant 1876, à travers les choix politiques et économiques, à travers les rapports entre l’Italie du Nord et le Mezzogiorno, à travers les difficultés linguistiques, les principaux problèmes étaient déjà posés.
Dès cette époque, les Italiens sont à la recherche de leur identité nationale, hésitant entre des principes sacrés et un pragmatisme gestionnaire (le « transformisme »), hésitant sur la scène internationale entre une sage politique extérieure sans envergure et des aventures audacieuses, hors de proportion avec les moyens de l’Italie, mais qui sont susceptibles pour un temps de conforter l’unité nationale.
L’histoire de l’Italie de Sergio Romano est en même temps un livre commode. Index, bibliographie sélective, une chronologie en 40 pages et, ce qui est plus rare, une centaine de notices biographiques sur les personnalités italiennes, passées et présentes. ♦