L’armée de l’atome
Contrairement à certains stratèges qui mettent en doute l’utilité de l’arme nucléaire tactique, ce petit ouvrage est un véritable plaidoyer en sa faveur et pour la création de forces aéromobiles. L’auteur estime en effet qu’à l’heure actuelle les moyens d’agir dont dispose la France « sont si exclusivement orientés qu’en dehors du cas extrême, ils sont inutilisables. » Certes notre dispositif de défense est loin d’être inefficace, mais Philippe Debas nous assure qu’on peut tout perdre sans avoir rien risqué : « l’adversaire sur le Rhin respectera notre territoire et nous imposera sa loi. » Dans de telles conditions, encore accentuées par la technicité des armes modernes, l’armée de conscription n’est plus d’usage. Il faut, aux yeux de l’auteur, une armée de professionnels. Une armée qu’il définit ainsi : « Quinze mille hommes aux forces aéromobiles nucléaires et d’intervention : soixante mille à la 1re armée : tous avec leurs services au complet de telle sorte qu’ils puissent s’engager dans l’instant… ». Car pour Philippe Debas la France ne peut se permettre de courir le risque d’une mobilisation étalée dans le temps, elle doit peser à bref délai dans le déroulement des opérations.
Il est à noter que le service militaire tel qu’il existe n’est pas critiqué par ce livre. C’est son principe même qui est remis en question. L’auteur repousse donc l’idée de moduler la conscription selon d’autres critères comme d’aucuns le suggèrent aujourd’hui. Pour Philippe Debas, la France attend une épée et cette épée n’est autre que l’armée de métier, puissamment équipée en moyens nucléaires tactiques, fortement spécialisée, éminemment mobile. Ce livre est là pour en donner les raisons : convaincra-t-il ? L’auteur semble en douter puisqu’il cite cette réflexion de Max Planck : « les idées nouvelles ne triomphent jamais des vieilles ; elles attendent que meurent ceux qui les défendent. »
Le prix d’une telle défense n’est pas passé sous silence, mais nous dit-on « une armée ne se définit pas en fonction de son coût mais de ses missions. » Une formule parmi bien d’autres car il faut souligner combien ces pages sont d’un style alerte, nourri de références historiques et prenant très souvent des allures d’aphorismes. ♦