La puissance de feu, l’efficacité des armes sur le champ de bataille de 1630 à 1850
Dans le renouveau actuel de l’histoire militaire, des approches originales viennent compléter les études classiques sur les campagnes et les batailles de l’époque moderne. Parmi ces approches, celle du major-général B.P. Hughes retient à juste titre l’attention. L’auteur a tenté de mesurer l’efficacité des armes à feu sur le champ de bataille entre 1630 et 1850, période pendant laquelle les principales de ces armes, le fusil à pierre et le canon à âme lisse, qui se chargeaient par la bouche et tiraient un projectile plein et rond, évoluèrent peu, au moins en ce qui concerne leurs caractéristiques techniques. Ces armes étaient alors le plus souvent servies par des troupes de métier. En deux siècles, les campagnes militaires ont été nombreuses et le major-général Hughes a consulté un vaste et riche ensemble de documents, de données numériques, d’études particulières et d’ouvrages généraux, auxquels sa bibliographie nous renvoie.
Le premier tiers de l’ouvrage fait d’abord un rappel détaillé des conditions des batailles (rôle et emplacement des troupes) ; il offre ensuite une riche présentation de l’évolution des armes à feu dans la période étudiée, tant dans la technique de leur fabrication que dans l’amélioration de leurs qualités balistiques et des caractéristiques de leurs projectiles. L’auteur peut alors entamer une étude très poussée de différentes batailles, analysées dans la perspective de l’emploi des armes à feu alors existantes. Il retient plus particulièrement trois rencontres de la guerre d’Espagne : Albucra, Talavera et Bussaco, et également deux batailles tout aussi importantes mais moins connues des lecteurs français : Ferozeshah et Gujrat, durant les guerres contre les Sikhs en Inde (milieu du XIXe siècle).
Il n’est pas dans l’intention de l’auteur d’aboutir à des conclusions définitives sur les différents paramètres de l’emploi des armes à feu : cadence de tir, distance d’engagement, nombre, position sur le terrain et dans le dispositif général… Tous ces facteurs sont étudiés avec minutie mais une seule conclusion s’impose qui échappe à la technique : l’efficacité de l’artillerie est toujours fonction de l’art du général à l’engager au bon moment et au bon endroit et celle de l’infanterie armée de fusils vient de sa détermination à supporter les salves adverses et à se porter à l’affrontement direct. En outre, durant ces deux siècles, malgré certains résultats chiffrés, on ne peut affirmer que le canon ait la supériorité sur le fusil pas plus que la proposition inverse : tous deux ont un rôle complémentaire sur le champ de bataille.
Richement illustré, cet ouvrage bien documenté et appuyé sur de nombreuses références, vient s’ajouter avec succès à la série des Histoires illustrées dont les éditions Edita, de Lauzanne, ont entrepris la publication. ♦